Avec six nuls et quatre défaites lors de ses dix derniers matchs, l’Olympique de Marseille est à la dérive. Mais qui, au sein du club, s’en soucie encore ? Trop passionné, Robert Louis-Dreyfus a englouti une toute petite partie de sa fortune dans l’OM pour un palmarès néant. Sa veuve Margarita Louis-Dreyfus n’a jamais eu la passion du football. Ce qui n’a pas empêché une gestion qui a enfoncé le seul club français vainqueur de la Ligue des champions dans la médiocrité. La 13e femme la plus riche du monde (avec une fortune estimée à 6,2 milliards d’euros) vient d’officialiser ce que tout le monde savait déjà : l’OM est à vendre. Une petite annonce postée avec une telle désinvolture que les supporters olympiens peuvent craindre le pire pour l’avenir. L’OM se retrouve face à un vide absolu.
Pourquoi Margarita Louis-Dreyfus veut-elle se séparer de l’OM ?
La veuve de Robert Louis-Dreyfus ne s’est jamais prise au jeu. Si l’un de ses trois fils, Kyril, est un passionné du club, la femme d’affaires n’a jamais été attirée par l’univers du football. La vente de l’Olympique de Marseille est un serpent de mer depuis le décès de RLD en 2009. Hormis une courte embellie sportive avec Didier Deschamps, les résultats n’ont jamais été conformes aux moyens déployés. A coup de banderoles d’un goût douteux à son encontre, les supporters marseillais n’ont rien fait non plus pour lui faire aimer l’OM. En la désignant responsable des échecs sportifs de l’OM, ils oublient les dizaines de millions d’euros engloutis de sa fortune personnelle pour éviter à l’OM de sombrer… Son désengagement ne pouvait que s’accentuer avec la citation du club dans différentes affaires extra-sportives à intervalles réguliers. La question n’est pas de savoir pourquoi Margarita Louis-Dreyfus veut se défaire de l’OM, mais pourquoi ne l’a-t-elle pas fait plus tôt ?
Des offres de rachat existent-elles ?
La question répond à la précédente interrogation. Non. L’OM est à vendre, mais personne n’en veut. Il est inutile de fantasmer sur l’oncle américain ou un vague cousin venu de Chine. L’Olympique de Marseille est en lambeaux. Il n’a que deux atouts à présenter : sa notoriété, mais on n’achète pas un « business » pour son passé, et son prix. Sûrement très en deçà des 100 millions d’euros évoqués ici ou là. Cette somme fantasmée intègre la valeur supposée de l’effectif marseillais. Une vaste blague. La propriété de son centre d’entraînement, estimé à 20 millions d’euros, représente l’unique actif corporel du club. C’est très peu pour un club centenaire qui n’a jamais su construire sur du solide. Le stade Vélodrome ne lui appartient pas et le contrat de location, qui doit être renégocié en 2017, n’est pas à son avantage. La direction du club peut se prévaloir de la reprise en main de la billetterie, il faudrait rappeler que les places dans les deux virages du stade, avant d’être commercialisées par les associations de supporters, étaient préalablement achetées au club par ces mêmes associations. La médiocrité de l’équipe actuelle a fini de dépeupler un stade qui se révélera trop grand (68.000 places) dans le futur pour être véritablement rentable. A capacité égale, le taux de remplissage des tribunes est passé de 85 % pendant la saison 2010-2011, à 67,6 % cette saison. Celui qui aurait l’ambition de faire mieux que le Bayern Munich du Sud (dixit Robert Louis-Dreyfus) ou reprendre le projet Dortmund (cher à Vincent Labrune), devra être capable d’injecter plusieurs dizaines de millions, voire des centaines, pour reconstruire une équipe compétitive. La valeur de l’effectif actuel, avec les fins de contrat et les nombreux prêts, est inversement proportionnelle au budget de 114 millions d’euros de l’OM cette saison.
Qui pourrait racheter l’OM ?
Les sponsors n’ont pas lâcher l’OM et les droits TV augmentent, mais l’image de l’OM est à travailler en profondeur. Le Paris SG a mis la barre très haut. A l’OM, il faut tout reconstruire. Et pour cela, il faut beaucoup d’argent. Des investisseurs ? Vous savez, il n’y a jamais de retour sur investissement, donc l’OM va se retrouver confronté à une situation qu’il a connue il y a vingt ans, avant l’arrivée de Robert Louis-Dreyfus, a déclaré Bernard Caïazzo, président du conseil de surveillance de Saint-Etienne et président du syndicat des clubs de Ligue 1 (sauf Guingamp) Première Ligue. Il faut trouver un nouveau mécène. Je pense que notre football, s’il ne se réforme pas en profondeur, aura énormément de mal, d’ailleurs la preuve il a énormément de mal, contrairement aux Anglais, à trouver des gens qui viennent dans les clubs. Le hic, c’est que les mécènes sont en voie de disparition…
Combien vaut l’OM ?
En janvier 2007, l’inégalable Jack Kachkar avait formulé une offre de 115 millions d’euros pour racheter l’OM. Un tour de stade et une danse sur une table dans le vestiaire plus tard, le Canadien sans le sou avait été démasqué. C’est la seule offre concrète qui permette de raccrocher l’OM à une quelconque valorisation. Est-elle encore valable ? Il y a un an un cabinet, Brand Finance, avait pris le risque de valoriser le club phocéen à 114 millions d’euros. Le montant semble tout aussi illusoire. La cession sera d’abord fondée sur les capacités d’un nouvel investisseur à assurer la pérennité et la compétitivité de l’OM. C’était l’engagement de Robert Louis-Dreyfus auprès de la ville de Marseille à son arrivée. Margarita Louis-Dreyfus a enfilé ses bottes : Le prix n’est pas ma préoccupation première. Par contre, la capacité du nouvel actionnaire à construire une équipe qui gagne au plus haut niveau est essentielle. Autrement dit, le plus cher, ce n’est pas de racheter le club, c’est de le développer.
L’OM a-t-il encore de l’argent ?
Lorsque l’on dit que l’OM se retrouve face à un vide absolu, il faut comprendre que la non-qualification pour la Ligue des champions en mai dernier a représenté un pari perdu. En terminant 4e la saison dernière, l’OM s’est privé de ressources pour l’exercice 2015-2016. D’où le grand nombre de départs l’été dernier et les multiples prêts enregistrés. Le classement de l’équipe (15e) n’incite pas non plus à l’optimisme pour la saison prochaine avec un manque à gagner estimé à 10 millions d’euros… si l’OM se maintient. Sans l’apport de son propriétaire, Marseille fonctionne en autogestion. Les échecs sportifs conduisent à l’affaiblissement inexorable de l’équipe.
Les adversaires de l’OM doivent-ils se réjouir de la situation ?
Les aléas de l’Olympique de Marseille peuvent faire rire, mais ses adversaires rient jaune. D’abord parce que la crise marseillaise est à l’image du football français qui n’arrive pas à se montrer vertueux sur le plan économique et qui décline sportivement sur la scène européenne. Surtout, l’intérêt sportif, médiatique et économique de la compétition commande d’avoir un OM fort. Et ça, ce n’est pas pour demain…