Infosport+ nous a livré la retranscription de l’interview dans laquelle David Ginola déclare sa candidature à la présidence de la FIFA. Entretien réalisé par Nicolas Tourriol. Morceaux choisis.
Cest une idée qui a germé dans ma tête il y a quelques temps déjà en ayant des conversations avec certaines personnes sur le fait de minvestir davantage dans le football, par rapport à mes idées, par rapport à mes prises de positions, mes opinions sur le football. Cest quelque chose de très gros, beaucoup de gens vont regarder ça avec de la surprise, mais aujourdhui, ce qui dirige le monde du football cest la FIFA, cest elle qui fixe les règles qui sont à la tête du football mondial. Ce nest pas venu comme ça, cest une mûre réflexion, ce sont des nuits blanches, cest une tâche vraiment gigantesque et jen ai pris toute la mesure. Cest pour moi un challenge énorme, cest énorme pour tout le monde, jai une super équipe autour de moi. Nous véhiculons des valeurs qui sont importantes et qui devraient être les valeurs clefs du football. Tu ne peux pas prétendre être à la tête dune organisation comme la FIFA, qui est une association mondiale du football, et ne pas tintéresser aux gens, ou pas assez. Cest donner plus, davantage, il faut apporter beaucoup plus de sourires, de joie de vivre, parce que le football est là pour ça. On la vu pendant plusieurs manifestations, que ce soit pendant les Coupes du Monde, que ce soit après les matchs, quand on voit la dévotion quil y a autour du football. On se rappelle la Coupe du Monde 98 en France, ce que cela a créé, ce que cela a généré dans un pays. Les gens se retrouvent ensemble, cest quelque chose que jaimerais voir davantage, mais à une échelle mondiale.
Cette idée est costaud. Jen ai pris la pleine mesure. Ce que je trouve beau, cest de pouvoir aujourdhui se dresser. Je me suis posé beaucoup de questions sur « est-ce que jai la légitimité ? », la légitimité dans le sens footballistique, je nai jamais fait de Coupe du Monde, je nai pas un palmarès à la hauteur de certains grands joueurs aujourdhui, mais je pense que jai toujours été intègre dans ma profession. Jai toujours eu cette forme dintégrité qui devrait être un mot-clef dans le football. Jai rencontré des gens qui mont dit « pourquoi pas ça, quest-ce que tu penses de lidée ? », jai réfléchi, je me suis dit « oui, pourquoi pas ? ». Un pourquoi pas qui était une façade parce que derrière il y a davantage. Il ny a absolument aucun sentiment de revanche par rapport au football, cest juste que jaimerais apporter une sorte de super sourire, que les gens regardent et se disent « voilà un exemple à suivre, voilà un exemple à suivre au niveau dune association qui gère les choses dune belle manière. Voilà une association qui organise des choses extraordinaires et qui en plus de ça uvre pour les plus démunis, dans chaque pays ils ont une implication au niveau des jeunes et apportent un plus ». Quand je regarde les Coupes du Monde, il y a toujours des points positifs et des points négatifs, il faut essayer de faire en sorte dêtre beaucoup plus présent sur la scène internationale, à toutes les échelles et surtout pour tout le monde.
Jai connu Michel Platini comme sélectionneur, il est celui qui ma donné ma première sélection en Equipe de France. Cest bien sûr quelquun que je respecte énormément, cest un ex-joueur qui a réussi son après-carrière et justement dans une démarche plus politique, puisquêtre président de lUEFA cest aussi quelque chose qui a un rapport avec la politique. Je pense que cest un exemple. Cest bien sûr quelquun que je verrai, que jécouterai pour beaucoup de choses.
Dans toute élection, il y a un programme puis il y a lhomme. Il y a un regard, un visage. En premier lieu, les gens vont te regarder, cest lenveloppe. Pratiquement immédiatement tu peux te dire si tu lui fais confiance ou pas. Après, bien sûr vient le contenu, le programme, les idées, ce que tu vas vouloir développer, mettre en avant. Parler de transparence, ça cest génial, que plus personne ne se pose de question sur comment sont gérées les choses. Parler aussi dintégrité, dégalité, cest-à-dire le football féminin. Dans tous les pays, tout le monde est traité à la même enseigne, tout le monde a les mêmes chances. Aujourdhui, nous parlons tous des mêmes choses. Il faut savoir comment tu vas les positionner et qui va le faire. Quand je parle de légitimité, le palmarès cest une chose, après en tant que personne tu as la légitimité que tu as toi, en tant que personne, ta crédibilité cest toi, quand tu parles de politique, ce qui est très important cest de voir à qui tu as à faire. Beaucoup de gens ont été élus parce quils avaient une aura qui faisait quon pouvait leur donner notre confiance, que lon peut les suivre.
Des alliés, jen ai de partout, des ennemis jen ai de partout. Jai appris une chose, cest que la politique divise, mais pour moi, le sport doit rassembler et être un rassemblement. Je ne me positionne pas comme quelquun de politique parce quà terme je veux rassembler les gens. Donc pour moi, être élu à la FIFA, ce serait plutôt être un rassembleur. Bien sûr, on a entendu beaucoup dhommes politiques le dire, mais aujourdhui on parle de sport, on ne parle pas de gérer une nation, gérer des problèmes sociaux, des problèmes de croissance, on nest pas en train de parler de ça. On est en train de parler de comment mieux redistribuer, de comment mieux redonner aux gens des choses qui leur reviennent de droit.
Je nen ai pratiquement aucune (chance dy arriver). Mais je suis très honnête quand je dis pratiquement aucune, quand on voit la situation aujourdhui. Il faut être très humble, je ne suis pas là pour faire du fanfaronnage. Dire que je vais gagner, bien évidemment dans un coin de ma tête je limagine, ce serait quelque chose de remarquable, de fantastique, mais je pense que si cela peut faire bouger un peu les choses et que même si demain je ne suis pas élu mais que jarrive à faire en sorte que les gens se disent « le discours de David Ginola il était pas mal. On a bien aimé ci, on a bien aimé ça. Essayons de le reprendre », et si quelques choses peuvent être changées à lintérieur, à travers dautres personnes ce sera très bien. Moi, je ne suis pas là contre. Que ce soit un autre qui véhicule les mêmes valeurs et qui veuille prôner ce sentiment de tolérance, dacceptation, de transparence, cest très bien, ça me va. Après cest une question de décision, durne et de votes quand cela en vient au pouvoir de lurne, cela ne dépend plus de toi, ce sont les gens qui décident qui sera le prochain président de la FIFA. Si cest quelquun dautre, ce sera bonne chance, faites en sorte que les choses aillent au mieux pour tout le monde autour du football.