L’Allemand Thomas Bach, âgé de 59 ans, devient le neuvième président de l’histoire du Comité international olympique (CIO) où il succède au Belge Jacques Rogge en poste depuis 2001.
Le champion olympique d’escrime par équipes en 1976 a été élu à la majorité absolue dès le deuxième tour de scrutin face aux quatre autres candidats, le Suisse Denis Oswald, le Portoricain Richard Carrion, l’Ukrainien Sergueï Bubka et le Singapourien Ng Ser Miang, rescapés du premier tour où le Taïwanais Ching-Kuo Wu avait été éliminé. Vice-président du CIO où il est entré en 1991, Bach devient le huitième président européen de l’institution olympique dirigée par un seul Américain, Avery Brundage (1952-1972).
Le président du Comité olympique allemand passe depuis longtemps pour le futur patron de l’Olympe. L’ancien escrimeur, sacré aux Jeux de Montréal en 1976, fut le premier à se présenter officiellement en mai. Parfaitement trilingue, doté d’une grande expérience au sein du CIO, dont il est l’un des vice-présidents, Thomas Bach a les compétences requises pour le poste. Son mot d’ordre: plus de souplesse dans les procédures de candidatures aux JO comme dans le programme olympique. Parmi ses multiples activités, cet avocat et homme d’affaires, ayant travaillé pour Adidas et Siemens, dirige la chambre de commerce et d’industrie germano-arabe. Il entamé sa route vers le sommet du sport mondial dans la bataille contre le boycott des Jeux de Moscou en 1980 où il voulait défendre son titre olympique de fleuret par équipes.
Il a vécu comme une profonde injustice la décision de l’Allemagne de l’Ouest d’emboîter le pas aux Etats-Unis en refusant d’envoyer une délégation en URSS pour protester contre l’intervention militaire en Afghanistan, en décembre 1979. J’étais le porte-parole des athlètes de l’Allemagne de l’Ouest, je me suis battu vraiment beaucoup pour que nous puissions figurer à Moscou. Cependant, sous la pression énorme du gouvernement, le comité national olympique céda et boycotta les Jeux, raconte le nouvel homme fort de la planète sportive.
Un tournant, selon lui, dans sa vie : C’est à partir de ce moment que j’ai cessé d’être athlète pour entrer dans la politique des institutions sportives. J’ai accepté de devenir membre du comité olympique allemand parce que je voulais éviter que d’autres athlètes à l’avenir souffrent de pareille situation.
Bach n’a pas que des amis
Avec Horst Dassler, le tout puissant patron d’Adidas, dont il sera le fidèle assistant jusqu’à sa mort en 1987, le jeune homme découvre les arcanes et les intrigues du CIO de l’ère Juan Antonio Samaranch. Son ascension est fulgurante. En 1991, à 37 ans, l’Allemand entre dans le club très sélect des membres du CIO. Neuf ans plus tard, il est élu pour la première fois vice-président. Les ambitions de l’avocat allemand, ultra-actif dans le mouvement olympique, où il gagne du galon en négociant les droits de télévision des Jeux pour l’Europe ou en présidant la Commission juridique. Mais si le Bavarois est l’homme fort du sport allemand, patron de son comité national olympique, les critiques commencent à perler sur cet étonnant mélange de genres entre ses nombreuses activités d’affaires et ses fonctions au sein du CIO. La presse allemande s’interroge sur son juteux contrat de consultant avec Siemens, fournisseur des jeux Olympiques de Pékin en 2008, mais la commission d’éthique du CIO l’exemptera de tout conflit d’intérêt. Cet été, c’est le soutien à sa candidature exprimé publiquement par le cheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah du Koweït, ancien président de l’Opep, l’organisation des pays exportateurs de pétrole, et patron et de l’Association des comités olympiques nationaux (ANOC), qui fait sourciller certains. Bach n’a pas que des amis. Candidat malheureux contre lui, le Suisse Denis Oswald, patron de la Fédération internationale d’aviron, estime n’avoir pas les mêmes valeurs. Moi, j’imagine un président qui est indépendant, et pas dépendant d’alliances avec d’autres personnes et qui n’utilise pas sa position pour autre chose que pour la défense du sport, a-t-il lancé avant de devoir se rétracter à quelques heures du vote.
Désormais, Bach dirige l’une des institutions les plus opulentes au monde, dotée aujourd’hui d’un trésor de guerre de 901 millions de dollars (683,5 millions d’euros). Sitôt élu, l’avocat de formation a commencé par remercier en sept langues ses électeurs. C’est une grande responsabilité mais je mènerai cette tache en suivant mon credo : Unité et diversité