Coup de tonnerre dans le ciel olympique. La commission exécutive du Comité international olympique (CIO) évince la lutte du noyau dur de sports qui composeront le programme des Jeux d’été de 2020. Pour rester dans le programme olympique, la fédération internationale de lutte devra postuler face à sept autres sports : le squash, l’escalade, le karaté, le wushu, le baseball, le wakeboard et les sports de roller. Une seule place reste à prendre au menu olympique des JO de 2020.
Cette décision était sur les 25 sports du noyau dur, indique Mark Adams, le porte-parole du CIO. C’est juste une recommandation de la commission exécutive. C’est la session qui décidera quels sports composeront le meilleur programme pour 2020. Le CIO doit valider le programme des JO 2020 lors de sa session à Buenos Aires en septembre, qui confiera l’organisation de ces mêmes Jeux à l’une des trois villes finalistes, Istanbul, Madrid ou Tokyo.
Reste que l’annonce fait l’effet d’une bombe. Entre le pentathlon moderne et le taekwondo, placé sur la sellette, c’est la lutte qui a été éjectée. Le CIO provoque la chute d’un sport ancestrale. La lutte figurait au programme des jeux Olympiques antiques en 708 avant JC et la lutte gréco-romaine est apparue aux premiers jeux Olympiques modernes à Athènes en 1896. Les 26 sports présents aux Jeux de Londres ont été revus en fonction d’une quarantaine de critères, comme leur popularité, leur universalité mais aussi leur bonne gouvernance, et c’est la lutte qui est arrivée en queue de peloton.
Il a fallu plusieurs tours de scrutin, à bulletin secret, pour aboutir à l’éviction de la lutte. On avait un rapport de la commission des programmes qui était excellent avec beaucoup de faits et sur ces faits, les membres de la commission exécutive ont fait leur choix, explique Thomas Bach, l’un des membres influents du CIO. Une surprise ? Cela dépend du sens qu’on donne au mot. On avait entendu parler de plusieurs sports. Et on a eu trois ou quatre tours de vote sur cette décision. Pendant le vote, on a vu que la lutte était toujours là, et à la fin ce n’était plus une grosse surprise, ajoute celui qui passe pour l’un des favoris pour succéder au Belge Jacques Rogge à la présidence du CIO.
Cette recommandation du CIO a fait l’effet d’une douche froide au sein de la FILA, la Fédération internationale de lutte. D’autant plus que la lutte cherchait à obtenir exactement l’inverse : une extension de son programme afin de garantir l’équité entres les compétitions masculines et féminines. La FILA a réagi en faisant part de sa stupéfaction et assurant qu’elle prendra toutes les mesures nécessaires pour convaincre la commission exécutive et les membres du CIO du non-sens de cette décision envers l’un des sports fondateurs des Jeux Olympiques antiques et modernes.
En 2009, le softball et le baseball avaient connu un destin similaire quand ils avaient été évincés du programme des JO 2012. En mai, la lutte pourra déposer son dossier pour remporter le dernier ticket face à d’autres disciplines (squash, escalade, karaté, wushu, baseball, wakeboard et les sports de roller) dont certains postulent depuis plusieurs éditions. Pour 2016, le golf et le rugby à sept feront leurs débuts olympiques à Rio de Janeiro.
Une décision totalement incompréhensible
La Fédération française de lutte (FFL) a jugé mardi que la décision était totalement incompréhensible. Il est difficile de trouver plus universel que la lutte, a déclaré à l’AFP Salvatore Attardo, le président de la FFL.
Selon certains échos, on imaginait que nous nous dirigions vers la création d’un seul style comme pour le judo (ndlr: actuellement il existe la lutte libre et la gréco-romaine) en privilégiant la +libre+ mais jamais que notre sport disparaitrait des Jeux, a souligné M. Attardo. Quand on voit les scandales qui se sont produits aux JO de Londres avec la boxe, on ne comprend pas ce qu’elle fait encore dans le panel, a-t-il commenté.