Ancien capitaine de Coupe Davis, Guy Forget découvre le métier de directeur de tournoi, celui de Paris-Bercy, qu’il juge plus complexe que celui de joueur, d’autant qu’il doit composer avec les exigences croissantes et parfois farfelues de ceux-ci.
Depuis qu’il a arrêté sa carrière en 1997 sur onze titres et une place de N.4 mondial en 1991, l’année où il a enchaîné victoire à Bercy et en Coupe Davis, Guy Forget a d’abord été capitaine de l’équipe de France pendant quatorze saisons, un bail qui a pris fin en avril dernier à Monte-Carlo.
En parallèle, il a officié comme consultant télé et continué à jouer des exhibitions comme récemment au Brésil, où il a eu la frayeur de sa vie lorsque le réacteur a explosé au décollage d’un vol Paris-Rio.
Toujours proche du terrain, la trajectoire de Forget, 47 ans, commence aujourd’hui à dévier doucement en coulisses. Nommé en novembre 2011 à la direction de Paris-Bercy, Forget prend en main un tournoi qui marche très bien depuis le redressement opéré par son prédécesseur Jean-François Caujolle.
Forget veut en préserver le caractère très haut de gamme et apporter sa touche, même si on ne va pas faire venir des ours ou des clowns sur le court.
L’un de ses grands rôles est de convaincre les joueurs de venir, de dire: hou hou je suis là quand ils arrivent devant l’étalage et font leur marché.
Forget a donc monté son stand à l’Open d’Australie dès janvier. Mais tu as toujours la hantise de la défection de dernière minute, soupire celui qui prie pour que Roger Federer, le tenant du titre, ne fasse pas faux bond.
Joueur, c’est simple
Forget a conscience qu’il arrive à moment difficile, avec la réforme du calendrier ATP qui pourrait déplacer le tournoi en février à partir de 2014 et les travaux à venir au Palais omnisports de Paris-Bercy.
C’est un beau challenge justement parce que c’est difficile, assure l’ancien capitaine qui se rend compte qu’être joueur de tennis, où tu mets la balle à droite quand l’autre est à gauche, c’est finalement assez simple. Quand tu passes de l’autre côté, tu te rends compte tout ce qu’un tournoi représente comme travail de fourmi, constate Forget en insistant sur ces requêtes sur la nourriture, l’hôtel qui n’est pas bien, l’eau trop chaude ou les voitures trop petites, émanant de joueurs de plus en plus gâtés.
J’aurais aimé jouer quinze ans plus tard, dit-il. Aujourd’hui c’est dix fois mieux que dans les années 90 lorsqu’on se changeait dans des vestiaires avec des toilettes ouvertes, où le joueur était assis sur le trône avec son journal au milieu de tous les autres. Le sport est devenu plus pro avec tout ce que ça engendre comme exigences et parfois comme demandes farfelues.
Par charité et devoir de réserve, Forget ne dira pas lesquelles, parlant seulement de choses qu’ils veulent dans les chambres. En tant que joueur tu as une vision très restreinte des choses et le regard centré sur ton nombril. Comme par hasard, les meilleurs sont souvent égoïstes, je vois ça comme une qualité, pas un défaut, ajoute Forget, lui-même un ancien perfectionniste.
C’est pourquoi il comprend les joueurs et leurs lubies. Novak (Djokovic) ou Roger (Federer) sont des gens que je connais bien et quand je vais leur parler, je pense être crédible. Ce qui n’empêche pas, comme il l’avoue, que ça fait quand-même drôle de passer de l’autre côté du grillage.