Le handball français occupe aujourd’hui, avec le PSG et Montpellier, le haut de l’échelle en compagnie des géants de Kiel ou de Barcelone ainsi que des équipes de l’Est des Hongrois de Veszprem ou des Polonais de Kielce. Alors que la Ligue des champions reprend jeudi, l’équilibre des forces a évolué dans le handball européen avec la stagnation de l’Allemagne, l’effondrement de l’Espagne et la montée en puissance de la France.
La crise économique a fait des ravages dans toute l’Europe. L’exemple le plus retentissant est celui de l’AG Copenhague, demi-finaliste de la Ligue des champions en mai qui a déposé le bilan deux mois plus tard après le départ de son mécène, l’homme d’affaires danois Jesper Nielsen. Ce coup de tonnerre a eu des répercussions jusqu’en Allemagne chez les Rhein Neckar Löwen où Nielsen avait également investi et dont le budget, tout comme celui de Hambourg, a été raboté pour fondre de 7,5 millions à 5,2 millions d’euros.
La Bundesliga clame toujours être la Ligue la plus forte du monde avec un budget moyen de 4,75 millions d’euros par club, contre 3,4 millions en France et plus que 1,3 million en Espagne, et 4.500 spectateurs par match (2.500 en Espagne, 2.200 en France). Champion d’Europe en titre, Kiel reste la référence absolue en terme de structure, avec un budget annoncé à 9,5 millions, une salle de 10.285 spectateurs toujours pleine. Mais pour la première fois depuis la création de la Bundesliga en 2004, le budget global des 18 clubs, qui s’élevait à 90 millions d’euros la saison passée, est en baisse, de l’ordre de 5%.
Si l’Allemagne stagne, l’Espagne plonge. Les mairies et régions ont coupé le robinet et les entreprises leur ont emboîté le pas. Le FC Barcelone, qui annonce 8 millions d’euros de budget, est protégé par sa structure omnisports. Le deuxième grand club, l’Atletico Madrid, tente de résister aussi mais a dû réduire sa voilure et laisser partir les plus gros salaires dont les Français Didier Dinart et Luc Abalo, aujourd’hui à Paris. Torrevieja et San Antonio Pampelune ne sont pas repartis en D1. Leon a dû laisser partir une dizaine de joueurs. Valladolid ne jouera pas la Coupe EHF cette saison, par souci d’économie. Les plus modestes doivent composer avec un budget ridicule. Villa de Aranda fonctionne avec 270.000 euros lorsque Billère, le club le plus modeste de la D1, affiche un budget de 1,4 million d’euros.
Résultat: une cinquantaine de joueurs ont quitté l’Espagne et une bonne partie a trouvé refuge en France, le nouvel eldorado où le salaire brut moyen frise les 6.000 euros par mois et où, surtout, les joueurs sont sûrs d’être payés. La Ligue nationale est aujourd’hui le seul des trois grands championnats en croissance. Le budget moyen des clubs a progressé de 26% par rapport à la saison dernière et de 142% depuis la création de la Ligue en 2004.
Ces chiffres sont dopés par l’arrivée des fonds qataris au PSG, propulsé dans le Top 5 des plus gros budgets d’Europe (9,2 M) devant le bastion historique de Montpellier (7,4 M). Les deux locomotives françaises emploient les deux joueurs les mieux payés au monde : le Français Nikola Karabatic et le Danois Mikkel Hansen, pour 500.000 euros par an.
Reste à traduire cette santé économique en résultats sur le terrain où la France a gagné une seule Ligue des champions, en 2003 avec Montpellier.
La Liga Asobal en déroute
Le Championnat d’Espagne, vainqueur de trois des cinq dernières Ligues des champions, a été frappé de plein fouet par la crise économique.
Une quinzaine d’Espagnols de tout premier plan et une cinquantaine de joueurs au total ont ainsi quitté cet été la Liga Asobal. Je suis parti parce qu’il n’y avait pas de clubs en Espagne qui auraient pu m’assurer des paiements réguliers à la fin de chaque mois, à part le Barça et l’Atletico Madrid, explique Jorge Maqueda, 24 ans, ancien arrière droit du Balonmano Aragon parti chercher fortune au Nantes Handball.
Vainqueur de la Ligue des champions en 2001, San Antonio, un club qui a vu passer Jackson Richardson, est descendu cette saison en troisième division avec une dette de 1,3 million d’euros.
Valladolid a dû renoncer à la Coupe de l’EHF après avoir cherché en vain un sponsor qui aurait pu lui apporter les 100.000 euros nécessaires pour sa participation. En temps de crise, les entreprises taillent en premier lieu dans leurs dépenses de publicité. Et les institutions publiques ne pensent évidemment qu’à gérer les dépenses courantes, explique Raul Torres, gérant du Cuatro Rayas Valladolid, qui accuse une dette de 900.000 euros.
L’Ademar Leon s’est engagé en Ligue des Champions, malgré un budget amputé de 45% cette année. Alors que le troisième de la dernière Liga n’avait jamais connu une situation déficitaire, ses comptes sont passés la saison dernière dans le rouge. Leon a opté pour le sponsoring à la carte, les entreprises pouvant désormais parrainer un seul joueur pour une valeur plancher de 10.000 euros. Nos principaux sponsors n’ont pu nous verser les sommes habituelles en raison de la crise, explique son président Carlos Pollan. Avant de concéder : Mais nous nous sommes aussi peut-être laissés griser en voulant constituer un effectif trop riche. Cette année, nous avons tiré les leçons de ces erreurs: nous avons constitué notre budget en pensant au pire scénario envisageable et en gardant en tête que nous voulions apurer nos comptes.