Pour bien suivre la Coupe de l’America

C’est le plus vieux trophée sportif du monde. Né en 1851, la Coupe de l’America déchaîne les passions. Entre argent et technologie, le sport y trouve aussi son compte. Voici les clefs pour appréhender cette nouvelle édition.

Tout d’abord un peu d’histoire. Contrairement à ce que pourraient laisser penser les 132 années de domination du New York Yacht Club sur la Coupe (de 1851 à 1983), celle-ci ne tire pas son nom du pays. Le nom est en fait celui de la goélette America qui, au terme d’une course historique autour de l’île de Wight en 1851, réussit à infliger une défaite cuisante aux 14 concurrents britanniques engagés. Repartis aux Etats-Unis avec la 100 Guinea Cup, les Américains décident quelques années plus tard de remettre la Coupe en jeu et invitent les Yachts Clubs du monde entier à s’y essayer. La Coupe est alors rebaptisée.

Depuis 1857, le principe général de l’America’s Cup est inchangé. Le Yacht Club vainqueur entre en possession du trophée (intitulé Defender) et le remet à son tour en jeu tous les 3 à 5 ans, normalement dans ses eaux. Face à lui, des clubs qui souhaitent eux-mêmes devenir Defender viennent affronter le tenant du titre, ce sont des Challengers (ou défis en français). L’America’s Cup proprement dite n’est qu’une seule et unique série de neuf matches (au plus) au cours de laquelle le Defender affronte un Challenger qui, depuis 1983, est présélectionné au terme de la Louis Vuitton Cup. Cette compétition est née en 1983; sept yacht-clubs de cinq pays déposent un challenge aux tenants du titre américains; il est alors décidé de faire précéder l’America’s Cup par une compétition destinée à permettre la sélection du meilleur Challenger, seul autorisé à affronter le Defender dans le cadre de l’America’s Cup; cette compétition est sponsorisée par Louis Vuitton et en prend donc le nom. Toutes les régates de la compétition se déroulent en match-race, ce qui signifie que sur l’eau, deux adversaires s’affrontent en duel sur un parcours prédéfini. Un format bien différent de la course en flotte et qui laisse toute sa place à la tactique et à la stratégie.

Malgré si la compétition reste très élitiste, l’événement a atteint une dimension planétaire. Ce serait même selon ses organisateurs, le 3e événement sportif le plus retransmis dans le monde après les Jeux Olympiques et la Coupe du monde de football. Une place sur le podium que convoitent également le Tour de France, le championnat du monde de Formule 1 ou encore les championnats du monde d’athlétisme. Pourquoi un tel engouement autour cette compétition ? C’est que, en plus de 150 ans d’histoire, il s’en est passé des choses aux cours des différentes éditions. Un peu comme le patinage artistique qui défraie la chronique à chaque olympiade, la Coupe de l’America contient en elle tous les ingrédients du film à suspense. L’aspect sportif est important, mais il ne serait rien sans la débauche de moyens que les hommes consacrent à l’aiguière d’argent. Connaître le règlement sur le bout des doigts est presque aussi important que savoir barrer son Class America. Tout bon syndicat qui se respecte doit avoir dans ses rangs un très bon avocat. Bien que le Deed of Gift (Acte de Donation) qui définit les règles et l’esprit de la Coupe de l’America parle d’une compétition amicale, c’est toujours l’inverse qui se produit. Ici, le coup bas est érigé en coup de maître. Exemple : pour l’édition 2002-2003, le défi suisse a eu toutes les peines du monde à obtenir sa qualification. Officiellement parce que la Société des régates de Genève n’est pas un club de mer. Officieusement, on n’a pas pardonné à Ernesto Bertarelli, le promoteur du syndicat suisse, d’avoir débauché Russell Coutts et plusieurs marins néo-zélandais, double détenteurs du trophée, à prix d’or : 5,4 millions d’euros !

La Coupe de l’America, c’est une énorme machine à faire de l’argent. L’enjeu est d’importance puisque le chiffre d’affaires généré lors de la précédente confrontation est estimé à 311,37 millions d’euros. L’Auckland City Council ne se s’est pas fait prier pour investir 180.000 euros supplémentaires et permettre un certain nombre d’actions de promotion de la ville, visant notamment à démontrer son dynamisme commercial. Les commerçants ont d’ailleurs profité de l’événement. Durant les six mois de la compétition en 2000, les chiffres d’affaires ont augmenté en moyenne de 20 %. Le tourisme a aussi tiré son épingle du jeu grâce à l’impact publicitaire des retransmissions télévisées. Avec 1.500 heures de diffusions, la Coupe de l’America a été relayée dans 98 pays. L’Etat s’est également impliqué. En début d’année, le gouvernement néo-zélandais a débloqué 1,45 million d’euros supplémentaire pour la défense de Team New Zealand. Il a ainsi porté sa contribution à 4,18 millions d’euros.
Défis engagés / Budgets (millions d’euros)

Team New-Zealand NZL 40
Prada ITA 55
Alinghi SUI 60
Stars&Stripes USA 40
Mascalzone Latino ITA 34
GBR GBR 35
OneWorld USA 80
Défi Areva FRA 24
Victory challenge SUE nc.
Oracle BMW-Racing USA 100

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