Les stations dopent l’offre d’initiation

Menacées de stagnation, les stations de sport d’hiver abordent la nouvelle saison de ski en multipliant les initiatives pour attirer de nouveaux skieurs et éviter ainsi de voir leur clientèle s’égayer vers des loisirs moins coûteux et plus aisés à pratiquer.

Parmi les initiatives les plus remarquées, le domaine des 3 vallées, en Savoie (qui englobe notamment Val Thorens, Méribel et Courchevel), a lancé un appel à candidatures pour offrir une semaine de ski gratuite à une famille de non-skieurs.

Et l’offre est loin d’être isolée. Huit stations du groupe Labellemontagne (Vosges et Alpes) proposent ainsi chaque semaine une heure d’initiation gratuite à la glisse (skis, forfait et moniteurs inclus) pour les non-pratiquants.

Il y avait toujours dans nos stations des gens qui venaient sans skier. En moyenne, 30 à 35% continuent l’apprentissage, explique Blandine Tridon, directrice générale adjointe de Labellemontagne.

Les stations des Sybelles, en Maurienne (Savoie), proposent quant à elles elles un pack Le ski pour les nuls comprenant hébergement et cours de ski.

Le recrutement de nouveaux skieurs est un point qui est longtemps resté en friche, explique Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France.

Jusqu’à récemment, l’accroissement de la population de skieurs était en effet assuré presque naturellement par les retombées du Plan neige, lancé dans les années 1960 afin d’aménager de nouvelles stations.

Grâce à lui, la France est devenue la deuxième destination de ski au monde (derrière les Etats-Unis), avec 54,32 millions de journées skieurs l’hiver dernier. Mais le marché, aujourd’hui mature, ne croît plus que de 1 à 2% par an et le risque existe de le voir reculer.

La diminution des classes de neige, la disparition des colonies de vacances font qu’on a un gros problème de renouvellement des skieurs par les jeunes, note Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.

Face aux exigences sans cesse plus strictes de la réglementation, de nombreux centres d’hébergement de montagne ont en effet dû renoncer à accueillir des jeunes.

Le ski pâtit en outre du développement des séjours low cost au soleil qui, contrairement au ski, ne nécessitent pas d’apprentissage. La neige attire ainsi une clientèle d’initiés, de plus en plus élitiste, selon Didier Arino.

Les initiatives des stations pour recruter de nouveaux skieurs peinent cependant à convaincre ce spécialiste du tourisme. C’est totalement dérisoire. Pour avoir des skieurs, il faut une politique volontariste, pour amener les enfants à la montagne, critique-t-il.

Fondateur du cabinet Contours Conseil, Gilles Guyomard n’est pas loin de penser la même chose. Les expériences réussies et significatives existent, mais sont encore trop peu nombreuses, pointe-t-il.

Parmi les réussites, il cite l’établissement public des stations d’altitude (EPSA) de Gourette et la Pierre-Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques), qui finance chaque année quatre jours de ski pour 600 jeunes.

Il est essentiel d’apprendre pour se faire plaisir à ski, explique Henri Mauhourat, directeur de l’EPSA, en revendiquant l’aspect commercial autant que social d’une opération qu’il juge plus rentable qu’une publicité.

La marge de progression est grande. A l’hiver 2009/2010, seuls 8,7% des Français sont partis plus de 4 jours sur les pistes, selon la Sofres.

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