Le jour J pour Camou, Laporte et Doucet

Les trois candidats à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR), Pierre Camou et Bernard Laporte, ainsi qu’Alain Doucet, arrivent à la fin de d’une campagne âpre avant l’élection de samedi.

C’était impensable il y a quelques semaines encore. Pourtant, deux consultations, publiées par Midi Olympique, donnent Bernard Laporte largement vainqueur devant Pierre Camou et Alain Doucet, ce que dément l’équipe en place, qui affirme pouvoir compter sur un peu plus de 50% des 10.116 voix potentielles de l’assemblée générale élective. Chaque camp utilise ses dernières munitions pour rallier les indécis parmi les quelque 1.900 clubs appelés à voter.

Lundi, au moment où les Bleus séduisent de nouveau, Laporte a ainsi exclu, s’il était élu, de limoger le sélectionneur du XV de France Guy Novès, choisi par Camou. Mardi, le journal Sud-Ouest, citant à l’appui l’entourage de Doucet, évoquait un ralliement de l’ancien n.2 à Laporte au second tour pour battre le président sortant. Entre Laporte et Doucet, des points de convergence existent. Chacun parle de réformer, logique lorsqu’on veut destituer l’homme en place, et s’oppose tous les deux à la construction du Grand Stade, que la Fédération souhaite construire en banlieue parisienne.

Ces manoeuvres sont en tout cas le signe d’une bataille à couteaux tirés et très serrée, où quasiment tous les coups ont été lâchés. Acculé dans les cordes, le sortant Camou n’a fait que riposter. En lice pour un troisième mandat, sans rival en 2008 et 2012, Camou, 71 ans, a notamment été éclaboussé par par les révélations de Mediapart portant sur deux affaires impliquant un vice-président de la FFR Bernard Godet qui, tout estimant ces révélations totalement infondées et mensongères, a démissionné.

Camou cherche à rattraper le temps perdu dans la dernière ligne droite, mettant en avant son bilan et ses réformes. Dénonçant aussi les méthodes de l’ancien secrétaire d’Etat aux Sports et les valeurs de l’argent qu’il porterait, opposées à celles de solidarité. L’ancien sélectionneur XV de France, parti en campagne en septembre 2015, répond qu’il veut rendre le pouvoir aux clubs. Il a axé sa campagne sur le monde amateur, comme pour arracher l’étiquette d’homme issu du monde professionnel. Il ainsi comparé la FFR, accusée de déni de démocratie, à la Corée du Nord puis à un appareil stalinien des années 50. Ses angles d’attaque? Son opposition au Grand Stade, mais aussi l’archaïsme et le manque de transparence supposés d’une Fédération qu’il juge avant tout soucieuse de conserver ses prébendes.

Le scrutin de samedi dira si le président sortant est parti trop tard après avoir sous-estimé le phénomène Laporte.

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