Sydney 2000 ou la chance insolente d’une chaîne cryptée

La délégation française ramène 38 médailles de Sydney. Des victoires, des déceptions, des surprises, des émotions… vécues au milieu de la nuit par le biais de la télévision. Quel bilan tirer des Jeux Olympiques les plus décalés de l’histoire ?

Neuf heures de décalage. Voilà ce qui inquiète les responsables du sport et des médias français avant les Jeux Olympiques de Sydney. L’Australie est trop loin. Elle est aux antipodes. TF1 et Canal + se refusent à couvrir l’événement. Finalement la chaîne cryptée ira quand même, à contre coeur, contrainte par une décision de justice.

L’équipe de France de basket en finale contre la Dream Team, en direct à 4h du matin. Yann Bonato en duplex. Une bonne dose d’adrénaline. Tout le monde est au bord des larmes. Voilà comment se concluent les Jeux sur la même chaîne cryptée.

Entre les deux, il y a un spectacle dont on avait oublié la magie, en l’espace de quatre ans : les Jeux Olympiques, le dernier grand rassemblement humain et humaniste. Même aspetisés par une rigueur extrême et un professionnalisme exagéré, même assombris par des affaires de dopage en pagaille, les Jeux Olympiques demeurent une valeur sûre sur le plan de l’émotion.

Les surprises ont plu sous le soleil australien. Chez les Français notamment. Qui connaissait Delphine Racinet, Tony Estanguet, Benjamin Varonian et Brahim Asloum il y a encore deux semaines ? Qui aurait misé un centime sur l’équipe de France de basket avant le début de la compétition ? Qui aurait cru que la France battrait son record d’Atlanta sans glaner la moindre médaille en athlétisme ?

L’émotion de Douillet, le plaisir de Di Pasquale… L’exaltation de la victoire quand Florian Rousseau saute ses concurrents du keirin sur la ligne d’arrivée, ou quand les fleurettistes l’emportent par équipes sur une ultime touche décisive. Le bonheur de voir Andrieux et Rolland récompensés de leur carrière exemplaire. Et Jeannie Longo, qui décroche une médaille à 41 ans !…

Nous ne les citerons pas tous. Mais ils nous ont tous fait rêver. Il était pourtant trop tôt, ou trop tard. Mais nous étions devant nos postes de télévisions, branchés sur quelque chaîne publique… ou cryptée.
Le French Spirit est né

L’équipe de France de football n’est sans doute pas étrangère à ce phénomène. C’est désormais palpable dans chaque discipline : les Français n’ont plus peur de gagner. Et pour n’avoir plus peur de gagner, il faut d’abord n’avoir plus peur de perdre, apprendre à gérer la pression, jouer une finale comme l’on joue un match amical…

Les Français ont fait cela durant les JO de Sydney. Ils n’ont jamais craqué psychologiquement – à l’exception du cas Marie-José Pérec, qui symbolise peut-être la fin de l’ancienne génération (celle qui craquait psychologiquement). Les médailles ratées l’ont été pour des raisons physiques, ou tout simplement parce que les concurrents étaient plus forts. A chaque fois qu’une médaille était abordable, il y avait un Bleu pour la décrocher.

Vous ne lirez pas très souvent la phrase qui va suivre dans nos colonnes. Mais aujourd’hui, elle s’impose : VIVE LA FRANCE !

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