Sportifs de haut niveau, votre argent les intéresse

Phénomène nouveau en France, les services de gestion de patrimoine se développent pour les sportifs de haut niveau. Plusieurs établissements bancaires ont lancé des produits destinés à séduire cette nouvelle clientèle très lucrative.

Si vous êtes sportifs de haut niveau, avec des revenus confortables, attendez-vous à être démarchés par les établissements bancaires. Depuis plusieurs années, les banques de gestion privée s’intéressent aux sommes d’argent amassées dans un laps de temps très court par les athlètes de haut niveau. Auparavant discrètes sur leur activité, elles n’hésitent plus aujourd’hui à le faire savoir. Les lecteurs assidus de L’Equipe ou de La Tribune ont pu voir dans les pages des deux quotidiens des encarts publicitaires vantant les mérites de la nouvelle offre (Selectium, un ensemble de produits financiers sur mesure dédiée aux champions) de NSMD (Neuflize, Schlumberger, Mallet, Demachy), la filiale française d’ABN-Amro.

Elles auraient tort de ne pas le faire. La part croissante de l’économie du sport a généré une forte augmentation des revenus des acteurs du sport professionnel. Au salaire d’un sportif de haut niveau, viennent aujourd’hui s’ajouter des revenus additionnels dérivés (comme la publicité ou le merchandising). Clientèle très particulière, les athlètes de haut niveau manquent souvent de disponibilité et d’expertise pour gérer efficacement leur patrimoine et préparer leur après-carrière. Une carrière souvent courte et pleine d’aléas (blessures, méforme persistante). Selon les dernières statistiques officielles, les sportifs de haut niveau sont plus de 6.000 en France. Des situations financières très variables cohabitent. Certains sont surexposés médiatiquement et bénéficient de revenus confortables, alors que d’autres mènent de front une carrière sportive et une carrière professionnelle. Sur les 6.103 athlètes de haut niveau recensés en 2001, 3.000 sont élèves ou étudiants et 2.500 sont dans la vie active. Ces sportifs de haut niveau sont jeunes (50 % ont moins de 22 ans), les risques de blessures sont importants, leurs carrières sont courtes, et pour sécuriser leur avenir ils doivent avoir constitué leur patrimoine au plus tard à 35 ans. Leur épargne devrait progresser dans les années à venir de + 20 % par an. Les sports collectifs sont ceux qui drainent la plus forte capacité d’épargne. Les joueurs de football, en particulier ceux qui évoluent à l’étranger, arrivent en tête de ce classement avec une capacité d’épargne estimée de 91.000 euros par an et par joueur en moyenne.

Selon l’Union Financière de France, qui dispose d’un département sport baptisé UFF Sport Conseil, la clientèle potentielle est d’environ 3.000 sportifs professionnels français, dont 400 à l’étranger avec une capacité d’épargne totale de 150 millions d’euros ! UFF revendique aujourd’hui un portefeuille de 480 sportifs dont 200 en activité (soit une part de marché de 6 % au 1er janvier 2002 contre 3 % un an auparavant) avec la répartition par sport suivante : football 42 %, sports individuels 25 %, basket 12 %, rugby 9 %, handball 9 %, cyclisme 3 %. L’établissement vise pour 2006 une part de marché de 25 % avec 1.100 clients pour un encours de 52 millions d’euros.

Les acteurs sont déjà nombreux. En plus d’UFF Sport Conseil et de NSMD, qui travaille déjà pour une bonne vingtaine de sportifs (pour 23 millions d’euros d’actifs sous gestion) on retrouve UBS France, qui en décembre 2000, annonçait un partenariat avec l’agence Sports Plus qui gère les intérêts de plusieurs sportifs, devenu depuis Sportfive. On retrouve également Europ Sports Conseils (ESC), une structure qui exploite ce créneau depuis plus de dix ans. Créé en 1990 par Claude Déplanche, ancien footballeur professionnel reconverti en conseiller indépendant membre de la CNPP (Compagnie nationale des professionnels du patrimoine), ESC est liée à l’UNFP, l’Union nationale des footballeurs professionnels. Cette filiation lui confère une légitimité auprès des 400 joueurs qui lui ont confié la gestion de leurs finances. Moins connue, Sport Invest, une structure détenue à 50,01 % par la banque KBL et à 49,99 % par un pool regroupant notamment trois anciens champions (Daniel Bravo, Jean-Baptiste Lafond et Yannick Noah) s’est lancée en 1999 et gère déjà la fortune d’une centaine de sportifs pour un encours de 38 millions d’euros.

Dans ce marché de niche, il n’y aura pas forcément de la place pour tout le monde.

Quitter la version mobile