Les conséquences des attentats sur l’économie du sport

Un mois après les attentats du 11 septembre, l’économie du sport mondial est déjà touchée. Une grande récession est-elle à craindre ?

L’industrie du sport est étroitement liée à celles des loisirs, du spectacle et de la publicité. Trois marchés qui ont déjà beaucoup souffert depuis le 11 septembre et qui souffriront encore pendant de longs mois. Mais le marché du sport est également caractérisé par une forte tendance spéculative, sur le marché des droits TV et commerciaux, ou sur le marché des transferts de sportifs professionnels. Cette bulle spéculative pourrait se dégonfler rapidement, ce qui entraînerait la faillite de nombre d’entreprises du secteur. Explications.

1. LES CONSEQUENCES A COURT TERME
L’annulation de nombreuses compétitions au mois de septembre a engendré un manque à gagner considérable pour les organisateurs et l’économie locale des lieux concernés. A titre d’exemple, le préjudice lié au report de la Ryder Cup à la saison prochaine est estimé à 200 MF.
La renégociation du contrat d’assurance de la Coupe du monde 2002 est également une conséquence très directe des attentats. Les risques d’attaques terroristes augmentent les risques des assureurs de manifestations publiques. L’augmentation des coûts d’assurance concernera l’ensemble des organisateurs d’événements sportifs dans les mois qui viennent.

2. LES CONSEQUENCES A MOYEN TERME
Le marché du sponsoring n’est pas touché à court terme, car les contrats sont signés pour de longues durées. Mais nul doute que les renégociations de ces contrats seront très difficiles pour les clubs, sportifs ou organisateurs d’événements sportifs : les grandes entreprises ont très sensiblement réduit leurs budgets publicitaires ou s’apprêtent à le faire.
De même, les producteurs d’articles de sport limiteront sans doute leur production pour anticiper un ralentissement de la consommation. La situation se prête aux plans sociaux, les grands groupes qui ont déjà engagé des politiques de réduction des coûts (Nike, Adidas, Reebok) ne se laisseront pas passer l’occasion. Notons d’ailleurs la réactivité du groupe Adidas, qui envisage de stopper la fabrication de ballons de football au Pakistan.

3. LES CONSEQUENCES A LONG TERME
Le sport professionnel, qui bénéficie d’un croissance exponentielle depuis quelques années, pourrait être gravement touché lors des prochaines saisons. L’essentiel des revenus du sport professionnel provient des contrats de droits TV et de sponsoring, deux marchés caractérisés par une forte spéculation. Les signes avant coureur de ralentissement sur ces marchés (faillite d’ISL, projet de fusion entre CanalSatellite et TPS) font aujourd’hui place à des signaux d’alarme. Les clubs de football et les écuries de F1 s’interrogent sur leur capacité à réduire drastiquement leurs budgets. Pour les sports déjà touchés par la crise (tennis) ou structurellement soutenus par des subventions appelées à disparaître (handball, basket), la situation est pire encore. De nombreux clubs pourraient faire faillite. De là à penser que certaines compétitions d’élites pourraient disparaître ou tout au moins être reformatées, faute de combattants, il n’y a qu’un pas.
Enfin, la spéculation devrait cesser sur le marché des transferts : outre la récession attendue, rappelons que la réforme des règles au niveau européen est en vigueur depuis le 1er septembre.

Le tableau est sinistre, pourtant un espoir demeure. Michael Jordan l’a rappelé en personne : en ces temps troublés, la population a besoin de se divertir. S’il y a fort à parier que les affluences vont baisser dans les prochains mois, l’intérêt pour le sport pourrait reprendre de plus belle aussitôt le conflit réglé. Le propre des marchés spéculatifs étant de réagir de façon excessive aux anticipations, le sport pourrait bénéficier le premier d’un redémarrage de l’économie. Et si la France est à nouveau championne du monde de football en 2002, un nouveau record de moral des ménages pourrait, pourquoi pas, être battu…
Indice INSEE sur le moral des Français

Après la Coupe du monde 1998 : -9
Septembre 2000 : -5
Septembre 2001 : -15

L’indicateur mensuel de conjoncture de l’INSEE auprès des ménages est établi à partir d’une enquête téléphonique. Les ménages sont interrogés sur leurs perspectives et leurs craintes. Le solde entre les réponses positives et les réponses négatives fournit un indice qui s’établit à -15 pour le mois de septembre 2001 (la moitié des personnes ont été interrogées avant les attentats).

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