Le rapport nouveaux services – emplois jeunes dans le champ jeunesse et sports

Un rapport rendu public par le commissariat général du Plan souligne que les activités jeunesse et sports représentaient plus du quart des créations réalisées dans les collectivités territoriales et plus de la moitié des créations dans les associations.

L’instance d’évaluation, présidée par Anicet Le Pors, conseiller d’État, avait pour mission d’analyser les effets du dispositif gouvernemental nouveaux services – emplois jeunes sur le développement des activités et de l’emploi, sur la situation des jeunes, sur les organismes employeurs, et sur les priorités d’action du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Selon le rapport, les objectifs quantitatifs du programme engagé par le gouvernement sont sur le point d’être atteints.

Le programme a permis à de nombreux jeunes qui possédaient des diplômes ou qui étaient déjà proches du secteur d’activités, d’accéder à un premier emploi.

La satisfaction est générale chez les employeurs, qui apprécient les effets positifs du programme en termes d’amélioration de la quantité et de la qualité des services rendus. Le bénévolat est lui aussi bénéficiaire d’effets positifs du programme, et ce malgré les craintes initiales.

Depuis la loi du 16 octobre 1997, plus du quart des 330.000 emplois créés par le programme nouveaux services – emplois jeunes l’ont été dans le domaine de la Jeunesse et des Sports !

Les effets du programme sur l’embauche des jeunes ont été importants : 69.302 embauches ont été réalisées dans le seul champ d’intervention de la jeunesse et des sports au 1er janvier 2001, sur 180.796 embauches recensées pour l’ensemble du dispositif emploi-jeunes. On observe néanmoins un certain essoufflement du dispositif, marqué dès la fin 1998, par un tassement des conventionnements, fin 2000, les remplacements représentaient la moitié des entrées.

Le public concerné est plutôt masculin et relativement diplômé (81 % ont un diplôme égal ou supérieur au Bac). L’instance observe d’ailleurs que le public visé est moins féminisé et plus qualifié que dans les autres secteurs où ont été créés des emplois-jeunes. L’entrée dans le dispositif s’effectue en général après une période de chômage. Le programme a attiré des jeunes intéressés par le secteur, souvent détenteurs d’un diplôme relevant du sport ou de l’animation, ayant fait du bénévolat dans ce domaine.

La perception que ces jeunes ont du dispositif apparaît globalement positive puisque trois quarts d’entre eux estiment faire un travail utile. La plupart souhaitent d’ailleurs développer un projet professionnel dans ce domaine.

Les conditions d’emploi et de travail sont en général jugées satisfaisantes par les intéressés. Au-delà de la diversité des types de contrat et d’avantages variables selon les structures d’accueil, les principales récriminations des jeunes concernent leur rémunération et l’absence de convention collective dans le domaine du sport. 42 % des jeunes interrogés se disent satisfaits de leur rémunération.

La question de la professionnalisation et de la formation est abordée par le rapport qui souligne les limites du dispositif. Certes, la mise en œuvre du programme s’est accompagnée d’un réel effort de formation. L’évaluation signale néanmoins que faute d’une information suffisante auprès des jeunes, les compétences acquises ne sont pas toujours validées (dans 40 % des cas). Elle observe également les difficultés d’organisation qui se traduisent par des stages mal ciblés, souvent trop éloignés des conditions concrètes de travail des jeunes. Par ailleurs, la prise en charge par les employeurs des frais de formation se révèle parfois difficile. Enfin, l’instance attire l’attention sur les 13 % laissés pour compte de la formation, ainsi que sur ceux qui sont déçus par les formations proposées.

L’analyse des sorties du dispositif est particulièrement instructive. Il apparaît que les jeunes qui ont quitté prématurément le dispositif ont en général trouvé un emploi. La situation des jeunes mieux formés est plus favorable. La taille et le statut de la structure d’accueil de l’emploi jeune influent également fortement sur les chances de retrouver un emploi : une petite collectivité territoriale ou une association n’offrent pas aux jeunes les mêmes possibilités de se former ou de rebondir qu’une collectivité territoriale plus importante.

Près de 60 % des communes urbaines et 10 % des communes rurales d’au moins 1.000 habitants ont recruté au moins un jeune, de même que 15 % des associations ayant recours au salariés, soit 22.000 associations tous secteurs confondus.

Les associations, qui représentent de loin le principal utilisateur d’Emplois-jeunes, estiment, selon le rapport, que ces derniers ont facilité la mise en place de nouvelles activités (dans 84 % des cas) ou prestations (86 %). Seuls 3 % des employeurs estiment qu’ils auraient mis en place toutes les activités en absence de l’aide et 29 % constatent qu’ils n’auraient rien pu faire sans.

Le statut des employeurs est variable. Néanmoins, dans ce secteur de la jeunesse et des sports, les associations jouent un rôle particulièrement important. Elles représentent les trois quarts des employeurs. Les associations ayant accueilli des jeunes du programme nouveaux services – emplois jeunes ont davantage de salariés en moyenne que les autres associations et disposent d’un budget moyen plus important, mais les deux tiers d’entre elles emploient moins de dix salariés. Le dispositif a également touché un grand nombre de communes puisque près de 17 % d’entre elles y ont eu recours au moins une fois dans le secteur de la jeunesse et des sports.

La nature des activités créées grâce au programme est difficile à apprécier. L’instance aboutit néanmoins à la conclusion qu’il n’y a pas eu véritablement développement de nouveaux services. Le dispositif a globalement fonctionné et a même rencontré un certain succès auprès des jeunes mais tous les emplois créés ne sont pas nouveaux. Plus de la moitié des emplois créés concernent l’encadrement d’activités sportives (26 %) ou d’activités culturelles et éducatives (25 %), les autres emplois créés correspondant à des fonctions d’animateurs ou de médiateurs (respectivement 18 et 13,5 %). L’aide à la gestion ou à l’entretien des équipements ne concerne que 6,8 % et 2,4 % des embauches.

Les effets d’aubaine pour les employeurs sont loin d’avoir été négligeables. Pour les associations en particulier, le recours à des emplois du programme nouveaux services – emplois jeunes a souvent permis de faire face à une certaine complexification de leurs tâches et de relayer utilement le bénévolat. Le programme emplois jeunes semble ainsi avoir autant servi à répondre à des besoins de fonctionnement interne qu’à des objectifs de renouvellement ou d’amélioration de l’activité.

La pérennisation des emplois et des activités créés constitue un enjeu essentiel. Dans une majorité des cas analysés par l’instance, les services créés ont montré leur utilité, mais leur pérennisation n’est pas garantie. Les perspectives de pérennisation sont variables selon les employeurs et se présentent de façon moins favorable pour les associations que pour les collectivités territoriales et pour les petites structures.

La plupart des associations envisagent, au terme des cinq années de fonctionnement, des solutions mixtes associant des ressources propres et des financements locaux, et 27 % d’entre elles pensent poursuivre avec les jeunes salariés. Mais 10 % des employeurs estiment d’ores et déjà qu’ils ne pourront pas continuer d’employer ces jeunes. Entre les deux, 39 % se disent avancés dans la recherche de solutions pour pérenniser les emplois.

Cette pérennisation des emplois sera l’enjeu des mois qui viennent.

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