Spécial Bilan JO 2012: Quel héritage ?

C’est l’objectif le plus ambitieux des organisateurs des Jeux olympiques de Londres : maintenir en vie les sites construits pour les Jeux. La question de l’héritage de l’événement s’est toujours posée, sans jamais avoir été tranchée. Avec le rideau qui tombe sur les Jeux de Londres, les autorités locales doivent s’y atteler.

Des Jeux verts et utiles socialement, avec un impact durable aussi bien en termes d’urbanisme que de pratique sportive. Londres a promis dans son dossier de candidature de ne pas répéter l’erreur des précédentes éditions, où les sites olympiques ont été le plus souvent abandonnés. Même à Pékin, seul le stade olympique conserve une véritable activité. En multipliant par quatre ses investissements pour les Jeux, pour près de 13 milliards d’euros, le Royaume-Uni a fourni un effort considérable. Encore plus en temps de crise économique. Londres étant déjà l’une des villes les plus visitées au monde, le tourisme n’est pas un moteur de croissance attendue. Les organisateurs font le pari d’une transformation de la société britannique sur le fond. Le président du comité d’organisation Sebastian Coe a tiré la sonnette d’alarme sur la pratique du sport chez les jeunes, dans un pays où presque un tiers des enfants (30% des 2 à 15 ans) est en surpoids ou obèse. Il faut reconnaître que nous sommes probablement la première génération de parents plus en forme que leurs enfants, a-t-il constaté vendredi, appelant à profiter de la fenêtre ouverte par les Jeux pour renforcer le sport à l’école primaire. Son appel a été entendu. Le Premier ministre David Cameron s’engage à introduire obligatoirement les sports d’équipes à l’école à la rentrée. Mais sans s’avancer sur le volume horaire dédié au sport.

Comme l’effet des JO sur la pratique sportive des Britanniques, il faudra mesurer dans le temps la gestion de l’après-JO en terme d’équipements et de rénovation urbaine. Lorsque les jeux Paralympiques (29 août-9 septembre) seront terminés, le site olympique de Stratford, dans l’est de Londres, fermera pour un an le temps d’offrir au public un parc paysager, des logements et des équipements sportifs. La reconversion du site, pour un montant de 380 millions d’euros, doit changer totalement la physionomie des quartiers défavorisés de l’est londonien. Je pense que nous pouvons nous mesurer à Barcelone et dire que dans les deux cas, les Jeux ont transformé la ville en profondeur, estime Sebastian Coe.

Sur les huit équipements permanents construits à Stratford, deux ont encore un futur incertain. Le centre de presse, qui devrait devenir un centre d’affaires, si l’horizon économique s’éclaircit. Et le plus emblématique de tous : le stade olympique. Après un premier échec, un nouvel appel d’offres a été lancé pour lui trouver une deuxième vie. Avec un club de football vraisemblablement, mais le maintient de la piste d’athlétisme, à laquelle Sebastian Coe s’accroche mordicus, pose des problèmes insolubles. Pour le reste, beaucoup de sites sont temporaires et vont être démontés pour être recyclés ailleurs. Ainsi, le pavillon de basket, convoitée un temps par l’équipe de l’ASVEL en Pro A, pourrait être utilisé pour les Jeux de Rio en 2016. Une première dans l’histoire olympique.

Le village des athlètes doit être transformé en 2.800 appartements. Cinq nouveaux quartiers comprenant 8.000 appartements doivent aussi sortir de terre dans les vingt ans qui viennent, dont 35% à loyer modéré, dans une ville connue pour ses loyers extrêmement élevés. Les organisateurs espèrent aussi que le parc figurera parmi les dix sites les plus visités de la capitale d’ici 2020, avec plus de 9 millions de visiteurs par an. Après avoir sous-estimé son budget d’organisation, Londres 2012 a-t-il, en sens inverse, surestimé ses retombées ?
Transports et sécurité : mission accomplie

Les craintes sur la fiabilité du réseau de transport et la sécurité, considérées comme les talons d’Achille des JO, ne se sont pas concrétisées. Le maire de Londres Boris Johnson n’a pas manqué de fustiger les marchands de malheur qui avaient prédit que cette belle ville allait exploser en vol. Les milliards investis en amont dans le réseau de transport n’ont certes pas empêché plusieurs pannes de métro. Ni les spectateurs (au moins 7 millions, selon un décompte partiel) de s’entasser dans des rames souvent bondées. Mais la grande pagaille tant redoutée a été évitée et le tube, qui a transporté plus de 51 millions de passagers lors des 13 premiers jours des Jeux, soit 31% de plus que l’été dernier, a tenu bon.

Il faut dire que Transport for London (TfL), le gestionnaire du réseau, avait fait campagne auprès des Londoniens en faveur du télétravail, de la marche à pied ou du vélo. Au point d’être accusé par certains commerçants d’avoir transformé une partie de Londres en désert. Le Javelin, liaison ferroviaire express desservant le parc olympique, a aussi donné un coup de pouce, de même que le départ en vacances de 19% des Britanniques.

Les débuts ont néanmoins été quelque peu chaotiques, avec la mobilisation en urgence de 4.700 soldats supplémentaires, après la défaillance de la société censée fournir des bataillons de gardes privés. Le gouvernement avait prévu un dispositif de sécurité exceptionnel : des missiles sur les toits, des avions de chasse en alerte, un espace aérien contrôlé par l’armée, un porte-hélicoptères sur la Tamise, sans compter le déploiement de 40.000 hommes, dont 18.000 militaires !

Cette mobilisation semble en tout cas avoir porté ses fruits: hormis quelques incidents mineurs comme le jet d’une bouteille en plastique sur la piste juste avant la finale du 100 m, rien n’est venu perturber le déroulement des Jeux.

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