Le championnat anglais pénalisé

Le championnat d’Angleterre risque de devenir moins attractif pour les meilleurs joueurs du monde, les clubs anglais étant confrontés au double obstacle d’un taux de change défavorable et de hausses d’impôts. Les pauvres.

Le Real Madrid a déjà dépensé près de 200 millions d’euros pour trois joueurs d’autres grands championnats européens – Cristiano Ronaldo, Kaka et Karim Benzema – mais on n’a pas encore constaté d’arrivée importante en Premier League, constate le cabinet Deloitte. La baisse de la livre par rapport à l’euro et l’augmentation prévue du taux le plus élevé d’imposition sur le revenu sont des facteurs qui contribuent à cet état de fait, ajoute le cabinet pour souligner que le championnat le plus riche et le plus médiatisé au monde voit des nuages s’amonceler au-dessus de sa tête. Au point de perdre de son éclat pour les joueurs ?

Attention, âme sensible s’abstenir. A partir d’avril 2010, le taux d’imposition maximum (qui concerne les contribuables qui gagnent plus de 150.000 livres, soit 175.000 euros, par an) passera de 40% à 50% en Grande-Bretagne, ce qui devrait entraîner une importante baisse de revenus pour les joueurs. En restant à Manchester United, au même salaire de 7,5 millions d’euros par an,Cristiano Ronaldo aurait dû verser 750.000 euros d’impôts supplémentaires. Soit une facture de 3,75 millions d’euros. Pour Deloitte, le championnat le plus attractif financièrement pourrait être le championnat d’Espagne, grâce à un système fiscal aux termes duquel les résidents étrangers temporaires (loi Beckham) ne sont taxés qu’à 24% maximum. L’effet est spectaculaire avec l’international portugais. Avec son nouveau salaire au Real Madrid, 13 millions d’euros par an, le Ballon d’Or paiera encore moins d’impôts qu’en Angleterre ! Pour lui, l’impôt sur le revenu sera limité à un peu plus de 3 millions d’euros. Ecoeurant on vous dit.

Pour les formations anglaises, en conséquence, les joueurs et les agents vont probablement demander en compensation des hausses de salaires, les clubs devant choisir entre une augmentation de leur masse salariale et le risque de peut-être devoir céder le joueur à un club étranger rival, explique Deloitte.

Un joueur demandant trois millions d’euros de salaire annuel après impôts coûtera 6,8 millions d’euros par an à un club anglais à partir d’avril 2010, contre 5,7 millions aujourd’hui. C’est 70% de plus que les 4 millions d’euros qu’un club espagnol devrait débourser pour le même joueur (non espagnol), affirme Deloitte, qui estime qu’un club italien (5,7 millions), allemand (5,4 millions) et même français (6,7 millions d’euros) serait également avantagé.

Est-ce que cette nouvelle donne explique la discrétion anglaise sur le marché des transferts, où Manchester United, Chelsea et compagnie se font damer le pion par des formations françaises ? Comme au début des années 2000, les clubs français dépensent sans compter. A Manchester, on a arrêté les dépenses à 21,9 millions d’euros (alors que le seul transfert de Cristiano Ronaldo lui a rapporté 94 millions d’euros), tandis que Bordeaux en a dépensé 24,5 millions, Marseille, 36 millions et que Lyon en est à 57 millions d’euros !

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