L’économie de la Ligue 1 reste fragile

Les chiffres de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) pour l’exercice 2012-2013 donnent une photographie complète des finances des clubs. Montpellier, le champion de France surprise en 2012, était le meilleur élève sur ce dernier exercice analysé, tandis que Lyon fermait la marche avec près de 20 millions d’euros de perte.

Rien de catastrophique, mais rien de rassurant non plus. Comme prévu, les clubs professionnels de Ligue 1 et Ligue 2 ont moins perdu en 2012-2013 : leurs pertes s’élèvent à 39 millions d’euros en cumulé (17,58 M€ pour la L1, 21,32 M€ pour la L2) à en croire les chiffres de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) publiés par la Ligue de football professionnel (LFP) la semaine dernière. Soit bien moins que les 108,1 millions d’euros perdus lors de la saison 2011-2012. Un recul quasiment équivalent à celui des seuls clubs de Ligue 1, qui ont vu leurs pertes passer de 60,7 millions à 17,6 millions la saison dernière. Mais il s’agit du quatrième exercice négatif consécutif. La saison en cours, elle aussi, se terminera dans le rouge. Même si le chiffre de ce déficit devrait encore baisser selon le premier résultat prévisionnel connu
(-13,5 M€ ).

En un an, le football français a perdu trois fois moins d’argent

Comment expliquer que le football vient de crever un plafond pour ses droits de retransmission (748,5 M€), que plusieurs clubs soient détenus par des milliardaires (AS Monaco, Olympique de Marseille, Stade Rennais, et le RC Lens), et même par un pays (le Paris SG), mais qu’ils puissent cumuler autant de résultats négatifs ? Le niveau des charges sociales est plus élevé en France qu’ailleurs en Europe, souligne Frédéric Thiriez, le président de la LFP. L’impact de la taxe à 75%, évalué à 44 millions d’euros pour chacune des deux saisons à venir, assombrit les perspectives. Le président de la LFP attribue aussi ce résultat négatif pour une bonne part à la suppression du dispositif de droits à l’image collective (DIC), avec une augmentation des charges de 50 millions d’euros. Tant pis si le DIC a été supprimé en 2010… La rénovation indispensable de nos stades constituera un facteur décisif de relance, ajoute-t-il. En vérité, les stades posent beaucoup de questions. L’exemple du LOSC, et son stade ultra-moderne, illustre la situation paradoxale des clubs dotés d’un nouvel outil dont ils n’arrivent pas à tirer parti.

Quant à la taxation à 75%, la LFP a trouvé une parade pour minimiser son impact en faisant payer à l’AS Monaco son insularité fiscale (50 millions d’euros sur deux saisons). Néanmoins, il est vrai que les clubs vont subir un effet ciseau à partir de cette saison. Le montant des droits de retransmission sera moins élevé cette saison. Les droits vendus pour la Ligue 1 sont de 607 millions d’euros par an entre 2012 et 2016. Mais beIN Sports versera 80 millions en moins. Lors de l’acquisition des droits, la Ligue, pour amortir la baisse de ceux-ci, avait négocié avec beIN Sports un paiement échelonné comme pour les deux derniers lots, vendus 240 millions : 80 millions d’euros en 2012-2013 eten 2013-2014 puis 40 millions par an lors des deux saisons suivantes…

Montpellier, meilleur élève en 2012-2013

Le bon élève de la dernière saison est Montpellier. Champion de France surprise en 2012, le club héraultais a profité de sa participation à la Ligue des champions, et d’un solde de transferts de 17 millions, pour terminer avec près de 10 millions d’euros de bénéfice. Une performance qu’il aura du mal à rééditer. Neuvième du championnat la saison dernière, le club de Louis Nicollin n’a participé à aucune compétition européenne pouvant mettre en valeur ses joueurs. Mais d’autres formations ont prouvé que la performance sportive pouvait passer au second plan s’ils sont bien gérés. Les deux autres équipes qui complètent le podium sont Reims (bénéfice de 3,3 M€ en 2012-2013) et Troyes (+3,2 M€). Le premier a fini 14e et le second a été relégué en Ligue 2… Plus de la moitié des clubs de Ligue 1 a réussi un exercice bénéficiaire (11 sur 20). C’est un de plus que la saison précédente. Mais tout en bas du classement on retrouve l’Olympique Lyonnais, qui a cumulé près de 20 millions d’euros de pertes. Non qualifié pour la Ligue des champions cette saison encore, le club de Jean-Michel Aulas n’a pas réussi non plus à se délester de ses plus gros salaires qui viennent grever ses comptes. Le Paris SG et ses dépenses massives sur le marché des transferts et ses salaires inédits en France, sans se montrer totalement vertueux, parvient à limiter son déficit par une hausse substantielle de ses revenus avec 233 millions de recettes  »normales » (droits TV, sponsors et publicité, recettes matches). Le club parisien est aussi soutenu par ses actionnaires pour limiter ses pertes à 3,5 millions d’euros. Notamment par la grâce du fameux contrat signé avec l’Autorité du tourisme du Qatar qui rapporte entre 100 et 200 millions d’euros par an. Les actionnaires continuent donc d’être appelés à la rescousse pour limiter les pertes. A l’Olympique de Marseille, le résultat hors mutations (ou transferts) était de moins 19 millions d’euros, le solde des transferts de + 9 millions. Le trou de 10 millions a été comblé par un versement exceptionnel équivalent.

Le football français de plus en plus inégalitaire

Le rapport fait apparaître que sept clubs affichent des pertes supérieures à un million d’euros et sept ont un bénéfice de plus d’un million. Lille (-3,3 M€ pour 118 M€ de charges) a presque effacé son résultat négatif de 20 millions avant mutations par un solde positif de 19 millions en transferts !

Une tendance s’est installée depuis plusieurs saisons. Les transferts soutiennent la plupart des clubs, mais la Ligue 1 achète de plus en plus à l’étranger. Le championnat de France est devenu importateur. C’est-à-dire que les clubs achètent plus à l’étranger qu’ils ne vendent : 15 millions de différence, pour 175 millions d’achats. Le montant des transferts internes à la Ligue 1 est de 33 millions.

Le championnat de France est de plus en plus inégalitaire relève aussi le rapport. les trois principaux clubs Paris, OL, OM concentrent 47% des recettes et des dépenses. Avec l’arrivée de Monaco cette en saison en Ligue 1, il y a fort à parier que ce taux va grimper. Cherchant à démontrer la corrélation entre le budget et le résultat sportif final, la DNCG montre que l’an passé les trois grands PSG, Marseille et Lyon ont eu des performances conformes à leurs moyens, tout comme Bordeaux. Saint-Etienne, Lorient, Valenciennes, Bastia et Ajaccio notamment, ont surperformé.

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