Le Qatar éjecté du Barça par les socios ?

Le 24 septembre prochain, les socios du FC Barcelone sont appelés à voter. Un scrutin qui concernera notamment le contrat en or passé avec la Qatar Foundation, premier sponsor payant de toute l’histoire du club. Un sponsor qui dérange et ne colle pas vraiment avec l’image des Blaugranas. Il pourrait ainsi, malgré l’importante manne financière qu’il représente, être tout simplement éjecté par les socios barcelonais.

Le 10 décembre 2010 restera une date à part dans l’histoire du FC Barcelone. Pour la première fois de son histoire, le club espagnol avait annoncé l’arrivée d’un sponsor payant sur son maillot. Messi et compagnie jouent désormais avec le nom Qatar Foundation barré sur le devant de leur tunique, tout en continuant à afficher le logo de l’Unicef à titre gracieux comme depuis 2006. Un nouveau sponsor qui leur porte plutôt chance, comme en attestent les deux titres déjà remportés, avec la Supercoupe d’Espagne et la Supercoupe d’Europe, mais qui pourrait bien disparaître aussi vite qu’il est arrivé. Le 24 septembre prochain, les socios du Barça sont appelés à se prononcer pour ou contre ce contrat, estimé à 165 millions d’euros pour les six prochaines années. Et selon le résultat de ce scrutin, le club pourrait bien décider de résilier ce contrat, comme l’a confirmé Toni Freixa, porte-parole du club, qui souhaite que les socios aient le dernier mot.

Car malgré l’argent qu’elle apporte, cette Qatar Fondation dérange quelque peu au sein du Barça, club traditionnel ancré au sein d’une Catalogne où le sentiment nationaliste est très présent. Le Qatar, on le voit maintenant avec le PSG notamment, représente surtout l’argent, nous explique Olivier Rossignol, socio de la penya (club de supporter du Barça) française Cyberpenya Blaugrana Francophone. Et ça, c’est incompatible avec le Barça. Il avoue également que le flou règne autour de cette Fondation, présentée comme une organisation privée à but non lucratif pour l’éducation, la science et le développement communautaire sur son site officiel. Elle est présentée comme une oeuvre de charité ou presque. Ça ne colle pas vraiment avec l’image actuelle du Qatar, ajoute Olivier Rossignol. Reste toutefois que l’annulation d’un tel contrat, alors que le Barça a perdu quelques 9 millions d’euros (officiellement) lors du dernier exercice et que le fair-play financier se profile pour 2013, ne peut être sans conséquences pour le club.

Rosell : Le Barça n’aurait pas la meilleure équipe au monde


Sandro Rosell est rapidement monté au créneau pour expliquer ce qu’engendrait la résiliation du contrat avec Qatar Fondation. Nous devrions étudier la question de la taille du club, a concédé le président blaugrana dans les colonnes de la Vanguardia. Mais si c’est ce que veut le socio, on le fera. Le Barça serait soutenable, mais avec une toute autre dimension. Il n’aurait pas la meilleure équipe du monde, le meilleur entraîneur du monde, le club omnisports le plus grand du monde, le meilleur centre de formation et tous les adversaires auraient plus d’avantages. Nous serions plus petits. Des propos qui pourraient faire réfléchir plus d’un socios, même si Olivier Rossignol ne se dit pas vraiment inquiet pour la suite si le vote du 24 septembre demande l’annulation du contrat.

De l’autre côté des Pyrénées, on s’interroge également sur la façon dont le Barça gérerait un tel revirement de situation, alors que des millions de maillots ont déjà été vendus dans le monde avec le logo Qatar Foundation dessus. C’est un geste qui vient trop tard. L’image du Barça a déjà été associée à cette Fondation, a lâché le journaliste Xavier Tort-Martorell dans les colonnes de la Vanguardia. Si les socios jugent opportuns de prendre du recul dans cet accord, il faudra restructurer les budgets et expliquer la décision à tout le monde… En Espagne, les avis sont partagés également. Josep Maria Casanovas, journaliste pour Sport, a estimé que les socios doivent accepter cet accord, car il est bon pour le Barça, même si lui aussi préfèrerait voir le maillot du club sans sponsor ou avec le logo de l’Unicef. Si la Qatar Foundation ne colle pas vraiment avec l’image du Barça, on peut s’interroger sur la façon dont le club, considéré à l’heure actuelle comme le meilleur au monde, parviendrait à contrer cette estocade portée à ses finances en cas d’annulation du contrat. Une question qui va trotter dans la tête de nombreux socios jusqu’au 24 septembre.

Frédéric Sergeur

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