Le vrai bilan du Mondial

La XVIIIe Coupe du monde de l’histoire a refermé ses portes. Pendant un mois, l’Allemagne a focalisé l’attention du monde entier. Après 64 rencontres, que faut-il retenir de ce Mondial ? Le coup de boule de Zinedine Zidane ? Pas seulement. De l’arbitrage à l’organisation allemande, en passant par la qualité du jeu et l’équipe de France, nous dressons le bilan sans concession d’un événement toujours hors norme.

Comment ne pas ouvrir cette rétrospective sur la finale de la Coupe du monde ? Entre l’Italie et la France, la rencontre a été intense. Engagées sur les chemins de la rédemption, les deux nations, vouées à disparaître dès le premier tour pour des raisons diverses, ont symbolisé l’esprit d’équipe. Mais ce qui devait être le point d’orgue pour le monde entier avec la dernière rencontre de Zinedine Zidane a viré au drame. Elu meilleur joueur du tournoi, le capitaine de l’équipe de France, décisif contre l’Espagne et le Portugal, sublime contre le Brésil, a retrouvé pendant un bref instant son côté le plus sombre. Celui qu’on préfère toujours oublier parce que Zidane est devenu une icône. Son coup de tête dans le thorax du défenseur italien Marco Materazzi restera comme l’image de la Coupe du monde et surtout comme une immense tâche dans sa carrière. Plus que la défaite aux tirs au but des Bleus, le monde entier a été choqué de voir son idole se transformer en voyou.

De l’aide pour les arbitres

Cette Coupe du monde restera comme celle des mauvais coups. 28 cartons rouges ont été distribués. Un triste record. Portugal – Pays-Bas en huitième de finale illustrera toute la bêtise de joueurs professionnels inconscients de la sinistre représentation donnée. La rencontre se terminera à 9 contre 9 avec 20 cartons distribués dont 4 rouges par l’arbitre russe Valentin Ivanov.

Toujours plus seul sur le terrain, l’arbitre a une fois de plus été montré du doigt. Rarement une Coupe du monde n’aura été émaillée d’autant d’erreurs d’arbitrage. Jusqu’à la caricature avec l’Anglais Graham Poll qui donnera trois avertissements à un seul et même joueur croate. Le Mondial 2006 restera aussi comme le premier à avoir utilisé la vidéo, pourtant interdite dans les règlements de la FIFA. Zidane peut en témoigner…

Maudite Ligue 1

2006 restera comme le Mondial des entraîneurs. La Ligue 1 a contaminé le football mondial. Il ne faut plus gagner en football, mais ne pas encaisser de but. En 1998, 171 buts avaient été marqués. En 2002, le total était tombé à 161. Entre le 9 juin et le 9 juillet, les trente-deux nations n’ont marqué qu’à 147 reprises ! Au fur et à mesure que la compétition avançait, les défenses ont pris le pas sur l’attaque. Un symbole ? L’Argentine. A partir des huitièmes de finale, l’Argentine a rangé son habit de lumière. Pekerman préférant enfermer ses artistes. N’oublions pas l’équipe de France qui a construit ses victoires sur sa défense. Esseulé en attaque, Thierry Henry s’est sacrifié pour l’équipe.

Comme l’attaquant d’Arsenal, les stars attendues n’ont pas répondu à toutes les attentes. La plus grande déception venant du Brésil. Le carré magique (Ronaldinho, Ronaldo, Adriano et Kaka) qui faisait rêver la terre entière n’était qu’une banale addition de noms ronflants.

Du talent, l’Afrique en a revendre. Mais cette fois encore, les pays africains ont manqué le rendez-vous. L’Angola et le Togo étaient sans doute trop limités. La Tunisie n’avait pas non plus les armes. Mais la Côte d’Ivoire et le Ghana pouvaient faire mieux. L’équipe de Didier Drogba a eu la malchance de tomber dans le même groupe que l’Argentine et les Pays-Bas alors que les Blacks Stars ont été une des victimes de l’arbitrage devant le Brésil en huitièmes de finale.

Vive l’Allemagne

Il n’y a pas eu de révélation pendant le tournoi. Ce qui est rare. Pas un seul joueur n’a émergé. Est-ce l’hyper-médiatisation du football qui donne l’impression d’avoir déjà tout vu et de connaître tous les joueurs ou presque ? Avant le coup de folie de Zidane en finale, on aurait répondu oui à cette question.

Pas de jeu ou très peu, un arbitrage indigne d’une Coupe du monde, des comportements de voyous sur le terrain, c’est un Mondial à oublier très vite. Et pourtant, dans ce tableau noir, l’Allemagne a réussi une formidable entreprise de communication.

Le Mondial 2006 restera certainement comme le mieux organisé de l’histoire, avec des vrais stades de football toujours pleins et colorés. Avant les demi-finales, la moyenne était de 52.000 spectateurs par rencontre. Le meilleur millésime après 1994 aux Etats-Unis, où les stades étaient beaucoup plus grands. Le spectacle était souvent plus dans les tribunes que sur le terrain. Ce devait être la Coupe du monde de la prostitution et de la violence des hooligans. A l’arrivée, ce fut une incroyable fête pendant un mois avec une communion des supporters venus pacifiquement assistés à des matches de football. Derrière son équipe nationale, meilleure attaque du tournoi (14 buts), l’Allemagne a fendu l’armure en changeant son image. Jugée réservée et peu expansive, l’Allemagne a reçu les félicitations des autres pays dont l’Angleterre. Mention spéciale à Franz Beckenbauer. Le président du Comité d’organisation était partout. Grâce à l’hélicoptère, il a assisté à 48 des 64 rencontres du Mondial tout en tenant son rôle de consultant pour la chaîne ZDF et en répondant aux invitations des autres télévisions. Pour compléter son agenda estival, le Kaiser a tenu un édito dans le Bild, le plus important tirage des quotidiens allemands, et s’est marié pour la troisième fois ! Chapeau.

Quitter la version mobile