Le football belge sous le choc des révélations

La RTBF a diffusé une incroyable enquête « Le milieu du terrain » dans les coulisses du football belge où les protagonistes sont accros aux montres de luxe… et même aux boîtes de celles-ci.

Si vous voulez comprendre ce milieu, il faut gommer le ballon et le terrain », conseille Michaël Dantinne, criminologue à l’Université de Liège, intervenant dans l’enquête du magazine «Investigation» (accessible sur le service en replay de la chaîne belge, ndlr). Près de trois ans après le scandale du « Footgate », qui empoisonne toujours le monde du football belge depuis 2018, le journaliste d’investigation Patrick Remacle et le journaliste sportif Thierry Luthers, diagnostiquent un milieu en difficulté financière qui, faute de survivre grâce à sa billetterie, ses sponsors ou ses droits télévisés, ne peut pas garder la tête hors de l’eau sans passer par le marché des transferts.

Les agents de joueurs sont les personnages centraux du reportage. L’un d’entre eux en particulier : Mogi Bayat. Le personnage est connu en France pour être incontournable dans les opérations de transfert du FC Nantes.

« Collectionneur de boîtes de montres de luxe »

Dans le reportage où la suspicion de fraude et de matches truqués est insistante, il est suggéré entre autres que Mogi Bayat aurait influencé les play-offs de la Jupiler Pro League lors de la saison 2013-2014 en distribuant des montres de luxe à plusieurs joueurs. Au cours des perquisitions de 2018, de nombreuses montres de luxe et boîtes vides ont été retrouvées à son domicile pour une valeur de 8 M€ ! L’agent de joueurs a déposé une plainte pour diffamation et pour violation du secret de l’instruction.

Pourquoi des montres ? Le fait que les montres soient des objets qui peuvent passer de mains en mains facilement fait aussi d’elles des cibles de personnes aux intentions moins louables que les collectionneurs ou les investisseurs. Elles sont, en quelque sorte le « cadeau idéal ». Pour l’avocat de Mogi Bayat, l’agent est simplement un collectionneur… de boîtes vides : « Mon client est collectionneur de boîtes de montres de luxe depuis toujours. C’est son droit. Mais c’est extraordinaire de lire cela dans le communiqué du Parquet car mon client n’a pas été interrogé au départ sur ce volet. C’est nous-mêmes, à la découverte de cela après la lecture du communiqué du Parquet, que nous avons demandé à nous expliquer. On n’a jamais demandé à mon client s’il avait donné des montres en cadeaux… »

Suspicion de corruption

Le film fait intervenir un ancien joueur. « Il y a plusieurs joueurs qui disent que Mogi Bayat offrait des montres. Après, je ne sais pas si c’était pour gagner ou perdre, mais en tout cas c’était pour influencer des matches. C’est certain. » L’ancien président du Standard, Roland Duchâtelet, y expose également comment, selon lui, il aurait été floué dans la course au titre 2014 par l’agent, qui aurait corrompu des joueurs de Genk pour qu’ils perdent volontairement un match contre Anderlecht.

La première personne repentie en Belgique

Pour réaliser leur enquête, les deux journalistes se sont notamment appuyés sur les révélations de Dejan Veljkovic. Le Serbe était l’un des agents les plus puissants de Belgique. Il est aujourd’hui la première personne repentie en Belgique. Selon l’accord conclu avec la justice belge, l’homme bénéficie d’une réduction de peine en échange d’informations. L’accord prévoit une peine de cinq ans de prison, avec sursis, et une amende de 80.000 €. Environ 4 M€ lui seront également confisqués.

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