Le Calcio est à bout de souffle

C’est maintenant une certitude, la Serie A n’est plus le meilleur championnat du monde. Le football italien s’enfonce petit à petit dans la crise. Et pourtant personne ne tire la sonnette d’alarme.

Prétendre que les clubs de la Serie A n’ont plus le niveau et que le football italien est en crise était inconcevable il y a quelques années. Pourtant, la Juventus Turin ou le Milan AC ne règnent plus sur l’Europe depuis plusieurs saisons et ne font plus peur à personne.

Quasiment imbattables sur le terrain, les clubs du Calcio apparaissaient comme les seuls capables de rivaliser financièrement avec la puissante Premier League anglaise dans le milieu des années 90. Grâce à la concurrence des deux bouquets numériques (Stream et Telepiù, contrôlés par Canal Plus), les droits télés allaient exploser à cette époque. Les clubs de la Serie A, propriétaires de leurs Droits TV, ont profité de cette surenchère. De 88 millions de dollars en 1991, ils vont passer à 451 millions en 2001. C’est la folie des grandeurs. Les clubs battent chaque année des records dans les transferts pour attirer les meilleurs joueurs. Sur les dix plus importantes transactions de l’histoire du football, six concernent des clubs italiens entre eux.

Mais ce temps est maintenant révolu. Les problèmes financiers s’accumulent sur les clubs transalpins. On savait depuis longtemps pour la Fiorentina, mais il faut maintenant ajouter à la liste Venise et la Lazio de Rome (championne d’Italie 2000). Même le tenant du titre, l’ AS Roma connaîtrait depuis plusieurs mois des difficultés pour payer ses joueurs. Selon la Gazzetta dello Sport, six équipes de Serie B n’ont pas payé leurs salaires en janvier. Gianni Grazioli, secrétaire général du syndicat des joueurs italiens (AIC), a déclaré à Reuters que la nouvelle n’avait rien de surprenant : Nous savons que les clubs sont dans une situation difficile. Notre président (Sergio Campana) leur avait demandé de faire attention à leurs finances.

Le conseil n’a pas dû être entendu. D’après des chiffres révélés par le cabinet Deloitte & Touche, les salaires des joueurs ont augmenté de 32% lors de la saison 2000/2001 par rapport à la précédente! Dans le même temps, les recettes des clubs ont à peine décollé, et les ventes de billets ont chuté. Résultat : une perte sèche de 133 millions d’euros pour la Serie A, contre un bénéfice de 35 millions d’euros l’année précédente !

Comme dans les autres championnats européens, l’Italie est dépendante des droits TV. Ils représentent 52 % du chiffre d’affaires des clubs (contre 29 % pour la billetterie et 19 % pour les revenus commerciaux). Or les nuages s’amoncellent au-dessus de la manne providentielle. Ils devraient être revus à la baisse dans un proche avenir. Une possible fusion entre les deux diffuseurs des rencontres de Serie A, Telepiù et Stream, dépend de la décision, imminente, des autorités italiennes de régulation de la concurrence. Une telle opération réduirait la concurrence sur le marché, et par conséquent les revenus des clubs. De plus, la RAI (l’audiovisuel public italien) veut renégocier les droits du championnat (dont elle diffuse les meilleurs moments) et de la Coupe d’Italie. La RAI verse actuellement 90,3 millions d’euros pour ces deux compétitions. Un montant qu’elle juge excessif. D’ailleurs, lors du renouvellement du précédent contrat, l’été dernier, le service public ne s’était engagé que sur un an alors que la coutume voulait que ces mêmes droits soient reconduits pour trois ans. La RAI est d’accord pour un nouveau contrat pluriannuel. Mais avec un prix réduit de 50 % !

On n’a pas fini de se serrer la ceinture dans le Calcio.

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