L’impact économique pour les deux pays

Selon Sepp Blatter, président de la FIFA, la Coupe Monde 2002 pourrait générer un chiffre d’affaires de 55,5 milliards de dollars ! La réalité sera plus chiche plus chice, surout pour les pays organisateurs.

Blatter utilise un calcul un peu simpliste pour arriver à ce montant. Il prend pour base l’audience cumulée de la Coupe du Monde 1998 (37 milliards de téléspectateurs). Il considère ensuite que tous ces téléspectateurs dépensent chacun 1 dollar et demi par match pour consommer (barres de chocolat, pop-corn…). Plus sérieusement, les Américains avaient évalué à 4 milliards de dollars le chiffre d’affaires généré par l’épreuve aux Etats-Unis. La Coupe du Monde 1994 (qui ne s’était déroulée que sur neuf stades dont aucun n’avait été construit pour l’occasion) avait officiellement dégagé un profit de 65 millions de dollars.

La Corée du Sud et le Japon ont dépensé sans compter pour l’événement. Si bien que les comités organisateurs pourront s’estimer heureux s’ils arrivent à rentrer dans leurs frais. La FIFA a dû intervenir. La Fédération internationale a promis de dédommager la Corée du Sud et le Japon à hauteur de 110 millions de dollars chacun afin de couvrir les frais liés à l’accueil des équipes, et leur a également permis de garder le produit de la vente des billets.

Les deux pays espèrent profiter de l’impact de la Coupe du Monde pour sortir de leurs difficultés économiques. En Corée du Sud et au Japon, on compte beaucoup sur l’arrivée massive de visiteurs étrangers. Le directeur de la communication du comité japonais d’organisation (JAWOC), Ko Yagamuchi, attend près de 365.000 visiteurs pour le seul Japon, ainsi que plus de 2 millions de voyageurs entre les deux pays coorganisateurs. Encore une fois, la FIFA s’est montrée conciliante. Elle a modifié les règlements lors du tirage au sort des groupes pour permettre à la Chine de disputer tous ses matches du premier tour sur le sol coréen. Des milliers de supporters chinois sont en effet attendus pour la première participation de leur équipe à une Coupe du Monde. Nous pensons que 100.000 Chinois se rendront dans notre pays, a déclaré Lin Byung-Taik, porte-parole du comité coréen d’organisation (KOWOC).

Stefan Szymanski, économiste à l’Imperial College de Londres, estime que chaque visiteur va dépenser 3.000 dollars au Japon, et 2.000 dollars en Corée du Sud.

Plusieurs analystes ont revu à la baisse les bénéfices attendus. Une étude menée par Dentsu, quatrième agence de publicité mondiale, montre que les retombées économiques pour le Japon pourraient être positives à condition que l’équipe nationale atteigne les quarts de finale. Une condition qui paraît difficile à tenir. De même, si le Japon remporte la Coupe du monde, les retombées économiques pourraient atteindre 360.000 milliards de yens (27,26 milliards de dollars). Là, c’est mission impossible.

Le total des investissements et des dépenses de consommation liés à la Coupe du monde devrait se situer autour de 142.000 milliards de yens (10,75 milliards de dollars), sur une dépense totale de 330.000 milliards de yens (25 milliards de dollars), selon Dentsu.

Une autre étude, de la banque d’investissement britannique HSBC cette fois, montre que la croissance des deux pays organisateurs sur les 12 mois précédant la Coupe du monde est inférieure de 0,4% à la croissance mondiale. Le Mondial devrait permettre à la Corée d’augmenter son PIB de 2,2%, contre 0,6% pour le Japon.

Les deux économies profiteront des retombées à long terme grâce aux infrastructures construites ou rénovées pour l’occasion, et par l’image positive générée par la Coupe du Monde. Pour Alan Rothenburg, président de la Fédération américaine de football et organisateur de l’édition 94, les bénéfices à long terme devraient finalement combler les déficits à court-terme. Au final, c’est une bonne opération car les pays co-organisateurs auront 10 nouveaux stades et bénéficieront d’une audience mondiale. Mais il est vrai qu’à court terme, cela représente une dépense financière importante.

HCBC note enfin que la consommation de certains produits devrait connaître un bond spectaculaire comme à chaque événement mondial. La bière et les postes de télévision devraient notamment singulièrement augmenter leurs ventes.

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