Escalettes jette l’éponge

Jean-Pierre Escalettes a démissionné lundi de son poste de président de la Fédération française de football (FFF). Sa position était devenu intenable depuis les récentes déclarations de la ministre de la santé et des sports, Roselyne Bachelot, qui jugeait son départ inéluctable.

C’est par un sobre communiqué que Jean-Pierre Escalettes a rendue publique sa démission, qui sera effective le 2 juillet prochain, après le Conseil fédéral. Après un ultime week-end de réflexion, le président de la FFF a décidé de tirer les conséquences du fiasco des Bleus au Mondial 2010. Il quitte la tête de la Fédération.

Digne comme il l’a toujours été, Escalettes précise qu’il reste disponible pour l’analyse des raisons de l’échec de l’équipe de France. Bénévole, titulaire d’une modeste pension de retraité de professeur de l’éducation nationale de quelque 2.200 euros par mois, Jean-Pierre Escalettes n’aura commis qu’une seule faute, mais lourde de conséquence : maintenir sa confiance à Raymond Domenech après l’échec de l’Euro 2008.

Depuis quelques jours, la démission d’Escalettes ne faisait plus guère de doute et ce malgré la sortie de la FIFA contre l’ingérence de l’Etat dans les affaires sportives. Roselyne Bachelot avait indiqué mercredi dernier que la démission du président de la FFF lui semblait inéluctable. Elle est désormais effective.

Qui pour remplacer Escalettes ? Là est la question. Le collège des votants laisse à penser qu’une autre représentant du football amateur lui succédera. Un Escalettes bis comme l’avait suggéré Eugène Saccomano dans sa célèbre émission de débat On refait le match.

Reste qu’Escalettes ne pouvait légitimement conserver son poste après le drame sud-africain. La nomination précoce et préventive de Laurent Blanc au poste de sélectionneur ne lui aura finalement été d’aucun secours.

Les têtes pourraient continuer de tomber. Noël Le Graët, influent trésorier de la FFF, ainsi que le DTN Gérard Houllier, tous deux fidèles supporteurs de Domenech depuis deux ans, gagneraient en terme de crédibilité à emboîter le pas à Escalettes…

BACHELOT PREND ACTE

La ministre des Sports Roselyne Bachelot a pris acte dans un communiqué de la démission de Jean-Pierrre Escalettes. Mme Bachelot avait eu de mots très durs envers le dirigeant fédéral, estimant dès jeudi, deux jours après la défaite contre l’Afrique du Sud (2-1), que la démission de M. Escalettes était inéluctable. Ces propos avaient toutefois fait réagir la Fédération internationale de football (Fifa), opposée à toute ingérence politique dans la gestion des fédérations. On a dit à son ministère (de Roselyne Bachelot, ndlr): +faites attention, il y a des mots qu’on ne doit pas employer. Ce n’est pas à vous de demander sa démission, c’est à lui de donner sa démission+, avait déclaré samedi le secrétaire général de la Fifa, Jérôme Valcke.

REACTIONS

Gervais Martel, vice-président de la FFF sur France24: C’est une décision qu’il a prise de manière très personnelle (…). Je suis un peu surpris qu’il ait pris cette décision aujourd’hui. On ne retient que les derniers jours de l’équipe de France. On a oublié le travail effectué par Jean-Pierre à la tête de la Fédération (…) notamment de ramener l’Euro 2016 en France.(…). S’il l’a fait c’est qu’il pensait que c’était dans l’intérêt général du football.

Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel: Cette décision honore Jean-Pierre Escalettes, un homme juste et intègre. Le désastre de la Coupe du Monde ne doit pas faire oublier les éléments positifs de son action: l’Euro 2016, le redressement des finances de la Fédération et la solidarité entre le football amateur et le football professionnel. Cette solidarité doit rester plus forte que jamais au moment où il s’agit de reconstruire ensemble un nouveau système de gouvernance pour le football de demain.

Bixente Lizarazu sur RTL radio: Ca me paraît être une décision logique, compte tenu de tout ce qui s’est passé ces derniers temps en équipe de France. (…) Je pense que Jean-Pierre Escalettes a pris ses responsabilités et c’est tout à son honneur. L’erreur qu’il a faite, et qui l’a mené à prendre cette décision, est en 2008 lorsqu’il aurait dû se séparer de Raymond Domenech (…) Je pense qu’il a fait le mauvais choix (…) Il n’a jamais eu d’autorité sur le sélectionneur (…) il n’a pas su recadrer les joueurs, notamment lors de cette mutinerie. Ca fait un peu beaucoup.

Rama Yade (communiqué): Madame Rama Yade, secrétaire d’Etat chargée des Sports, prend acte de la décision de Jean-Pierre Escalettes de remettre sa démission au Conseil fédéral qui se tiendra le 2 juillet prochain.

Denis Masseglia (Président du CNOSF): Je connais Jean-Pierre depuis 12 ans. Il a donné sa vie au football et a consacré toutes ces années à son activité. Concernant les difficultés rencontrées en Afrique du Sud, il faut se poser la question de savoir si elles sont de son seul ressort. Dans la décision impopulaire de conserver Raymond Domenech après l’Euro-2008, il y avait également l’avis favorable des joueurs et de la DTN (direction technique nationale). A travers cette décision, il veut qu’il n’y ait pas une cristallisation sur sa personne. Je le prends comme un acte de passion. Il a analysé, avec justesse, que son départ allait dépassionner le débat. (Pour sa succession) On a parlé ces derniers jours de gouvernance. Or c’était la même gouvernance il y a 4 ans (lorsque la France a atteint la finale du Mondial). Passion et compétence sont deux éléments nécessaires pour ce poste. Depuis 4 ans, l’Assemblée générale a voté pour que son successeur soit rémunéré. C’est à dire que la passion et la compétence pourront être complétées par la disponibilité. Si on peut résoudre cette équation, le problème de gouvernance pourra être résolu.

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