A la FFF, une affaire en chasse une autre. Encore sous le choc de la polémique sur les quotas ethniques, place au dossier Alain Boghossian. L’adjoint de Laurent Blanc en équipe de France, salarié de la fédération, a participé à l’inauguration d’un stade à Grozny, mercredi dernier, à l’invitation de Ramzan Kadyrov, le sulfureux président tchéchène. Il aurait reçu en remerciements une montre sertie de diamants. Mais Boghossian pourrait sortir de cette polémique la tête haute. Selon France Football, il aurait fait don de son cachet à l’association 9 de coeur de Jean-Pierre Papin.
Fabien Barthez, Manuel Amoros, Alain Boghossian, Robbie Fowler, Franco Baresi ou encore Diego Maradona… Une belle brochette d’invités, style anciens combattants, pour un match de gala. Si cette rencontre ne s’était pas déroulée à Grozny, capitale de la Tchétchénie, république constitutive de la Fédération de Russie, personne n’en aurait parlé. Mais se faire inviter par Ramzan Kadyrov, cela fait jaser. Surtout lorsqu’on connaît la réputation du président tchétchène, soupçonné de nombreux meurtres. Pourtant, ces anciennes vedettes du ballon rond ne se sont pas fait prier pour venir participer à l’inauguration du stade Akhmat Kadyrov, du nom du père du dirigeant de la Tchétchènie. Aucun n’a pour le moment commenté sa présence à ce que certains qualifient de match de la honte, ni donné de détails concernant la rémunération qu’ils auraient touché pour leur prestation.
Zidane avait décliné l’invitation
En mars dernier, Rai, invité avec d’anciens joueurs de la Selçao, avait regretté sa participation à une rencontre du même genre. J’ai pris part à une chose que je condamne fortement : un événement manifestement politique, populiste, dans un contexte inconnu pour moi, sans en comprendre les conséquences possibles ni les intentions, avait écrit l’ancien joueur du PSG sur son blog. De même, Zinedine Zidane avait refusé l’invitation et démenti les rumeurs quant à sa présence à cet événement.
Alain Boghossian va-t-il faire également son mea culpa ? Car la présence de l’adjoint de Laurent Blanc en Bleu à ce match a de quoi interpeller. A la FFF, personne n’était d’ailleurs au courant de ce voyage à Grozny, alors que le football français est secoué par l’affaire des quotas. Fernand Duchaussoy, le président de la FFF, l’a ainsi appris à l’issue du conseil fédéral extraordinaire de ce jeudi. Philippe Tournon, l’attaché de presse des Bleus, a tout simplement expliqué que cela n’entrait pas dans le cadre des fonctions de Boghossian avec les Bleus. Heureusement, serait-on tenté d’ajouter. Boghossian, au contraire de Fabien Barthez, a en tout cas chaussé les crampons à cette occasion.
Une montre et une promesse de don
Interrogé au lendemain de la rencontre, Boghossian avait affirmé dans L’Equipe ne pas avoir été rémunéré par sa participation. J’ai pas pris un euro, clamait-il haut et fort. Mais dans un reportage diffusé sur Canal +, on voit l’adjoint des Bleus recevoir un cadeau de luxe : une montre sertie de diamants. C’est le chef de la police de la capitale tchétchène qui lui remet en personne ce présent. L’ensemble des stars invitées ont reçu un cadeau de ce type. Valeur estimée de ce type de montres : entre 12.000 et… 700.000 euros !
C’est finalement France Football qui est venu lundi après-midi au secours du champion du monde 1998. Les quatre ex-joueurs français présents à Grozny, à savoir Boghossian, Barthez, Papin et Amoros auraient obtenu en contrepartie de leur participation une promesse de don en faveur de l’association 9 de Coeur de Jean-Pierre Papin.
Pour la petite histoire, c’est l’équipe de Kadyrov, composée de dirigeants caucasiens, qui l’a emporté (5-2), malgré un but de Diego Maradona, devant près de 30.000 spectateurs.