Blanc, victime d’un procès en sorcellerie ?

Le sélectionneur national de l’équipe de France Laurent Blanc connaît sa première grave crise de gouvernance depuis son arrivée en poste, en août dernier. Dans l’œil du cyclone pour son implication dans l’affaire des quotas ethniques qui chamboule la France du football depuis presque une semaine, le Président a le droit à un véritable faux procès en sorcellerie.

Tempête sous un crâne. Après la difficile clôture des événements de Knysna qui avaient ébranlé la réputation du football français, Laurent Blanc pensait enfin pouvoir travailler dans la sérénité et construire une équipe de France à son image : solide défensivement, avec des milieux créateurs et un attaquant qui l’a fout au fond. Seulement voilà, le Cévenol n’imaginait pas une seule seconde que sa philosophie de jeu allait être balayée d’un revers de main par l’affaire des quotas ethniques et que sa volonté de retrouver des Bleus plus techniques que physiques allait être assimilée à les Bleus veulent moins de noirs et d’arabes, comme l’a titré le site d’information Mediapart.

Depuis, la sacro-sainte génération black-blanc-beur s’est émue de cette possible mise en place de quotas ethniques et certains joueurs champions du monde 1998 sont montés au créneau pour critiquer le sélectionneur national, qui aurait accepté cette proposition saugrenue de quelques hauts dirigeants du football hexagonal. Alors que Patrick Vieira a demandé le licenciement des personnes présentes à cette fameuse réunion du 8 novembre 2010 – et en creux, celle de Laurent Blanc – ou que Bernard Lama a estimé sur Football 365 que l’image (de Laurent Blanc, ndlr) ne sera plus du tout la même si les faits étaient avérés, certains ont tenté au contraire de le défendre et rétablir l’idée première des propos de Laurent Blanc.

Griezmann : Recalé en France à cause de ma taille

Ainsi, l’ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux n’a jamais fait d’amalgames, mêlant qualités physiques et origines ethniques. Depuis sa prise de fonction, le sélectionneur des Bleus a martelé qu’il souhaitait voir ses Bleus plus techniques, à l’instar de l’Espagne championne d’Europe et du monde en titre. Mais la formation française actuelle ne laisse pas la place à des éléments de petits gabarits comme l’a par exemple attesté le Français Antoine Griezmann, exilé à la Real Sociedad depuis ses 12 ans.

Ce dernier a donné une explication limpide dans les colonnes de L’Equipe, qui va dans le sens du sélectionneur national : Je ne peux être que d’accord avec lui. En Espagne, ils s’en foutent du physique et pourtant ils sont champions du monde. Pareil pour le Barça. Il n’y a que des petits, et ça ne les empêche pas d’être la meilleure équipe. (…) A chaque fois, c’était à cause de la même chose : la taille. C’était dur à vivre et j’ai vite compris que pour progresser, il fallait que je parte. En France, ça n’aurait jamais rien donné… Ce témoignage de la nouvelle coqueluche de la Liga, et bientôt du football français, prouve s’il en était encore besoin que Laurent Blanc – qui songe à jeter l’éponge – était dans le vrai lorsqu’il souhaitait que les centres de formation français changent leurs critères de sélection. Sans se soucier de la couleur, de la taille ou de l’origine du joueur…

Julien Froment
Blanc entendu vendredi par la 3F

Alors que la Fédération française de football poursuit son enquête interne au sujet des quotas ethniques, Le président du Conseil national de l’éthique (CNE), Laurent Davenas a confirmé que le sélectionneur national sera entendu vendredi dans la journée boulevard Grenelle au siège de la 3F.

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