France attention, ton championnat fout le camp !

Cette fois, c’est sûr : le niveau du championnat de France a régressé. Le camp des défenseurs d’une élite égale aux championnats anglais, italien, espagnol ou allemand s’est réduit comme peau de chagrin.

Savez-vous quelle est la meilleure équipe française sur les huit dernières rencontres de Ligue 1 ? Marseille, Monaco, Lyon ? Non, c’est Guingamp ! Avec six victoires pour un nul et une seule défaite, le club breton fait mieux que toutes les supposées grosses cylindrées de notre championnat. Le plus bel exemple de cette inversion des valeurs, on le trouve avec le PSG. Depuis son coup d’éclat de la 12e journée (3-0 devant l’Olympique de Marseille), le club parisien a suivi un rythme de relégable : cinq points glanés sur vingt-quatre possibles (une victoire, deux matchs nuls, cinq défaites). Seul Ajaccio a fait pire car les Corses se distinguent par une plus mauvaise différence de buts (-7 contre -5 au PSG). Le championnat de France est certes passionnant (entre l’OM, premier, et Sochaux, sixième, les équipes se tiennent en deux points) mais le niveau général baisse d’année en année. Et ce n’est pas la soudaine montée en puissance marseillaise qui prouvera le contraire. L’entraîneur olympien, Alain Perrin, est même le premier surpris de la place de leader qu’occupe son équipe. Après 20 journées, l’OM s’est déjà incliné à cinq reprises et présente une différence de buts modeste (+2) avec la 11e attaque et la 4e défense de l’élite.

Les clubs française ne savent pas recruter

Le principal argument des dirigeants pour expliquer les difficultés de nos clubs consiste à dénoncer l’existence de contraintes spécifiquement françaises, comme les charges sociales et fiscales qui font fuir les meilleurs joueurs. Pourtant, l’explication est insuffisante lorsque le champion de France est éliminé par le 9e du championnat de Turquie ou lorsque qu’un club comme Feyenoord remporte cette même Coupe de l’UEFA avec des moyens inférieurs à nos représentants. Le football français paye aujourd’hui ses erreurs du passé. Sur la lancée du titre de champion du monde 98 et du nouveau contrat télé signé en 1999, les clubs français ont dépensé sans compter. Les meilleurs joueurs français et internationaux partis vers l’étranger n’ont jamais été remplacés. Pour donner le change, les dirigeants ont engagé à prix d’or, au mieux, de seconds couteaux, et très souvent d’illustres inconnus. Dans le genre, Rennes a décroché le pompon avec son Brésilien Lucas, transféré pour 21,34 millions d’euros en 2000. Pour la saison 2000-2001, la balance entre les achats et les vents est négative de 115 millions d’euros ! Au cours de la même saison, la masse salariale brute est passée de 118 à 299 millions d’euros ! En clair, la Ligue 1 recrute mal.

Moins de spectacle

Le niveau baisse dangereusement et ça commence à se voir. Les rencontres insipides se succèdent et le public ne s’y trompe pas. A la fin des matches aller (190 rencontres disputées), la moyenne est de 19.402 spectateurs par journée. Elle était de 21.367 spectateurs sur l’ensemble de la saison 2001-2002 et de 22.960 en 2000-2001. Pourtant, la Ligue 1 est passée de 18 à 20 clubs. Ce changement, sinon un alourdissement du calendrier, n’a rien apporté. Après les 19 premières journées, le total de spectateurs (3.686.518) est à peine supérieur à ce qu’il était l’année dernière (3.639.359) alors qu’on a disputé 19 rencontres de plus. Et ce n’est pas le nombre de buts inscrits qui va faire revenir les spectateurs. Avec 2,26 buts par match, la Ligue 1 affiche l’une des plus faibles moyennes de ces dix dernières années. Seule la saison 1993-94 était plus pauvre avec 2,24 buts par match. La statistique est médiocre. La Ligue 1 ne peut soutenir la comparaison avec ses voisins européens : 2,48 en Angleterre, 2,59 en Espagne, 2,69 en Italie et 2,82 en Allemagne.

Le suspense sauve les meubles

Le paradoxe veut que notre championnat ne compte plus aucun représentant en Ligue des champions et seulement un seul (Auxerre) en Coupe de l’UEFA, mais sa cote n’a jamais été aussi élevée : 520 millions d’euros par an. Tel est le montant que la Ligue de football professionnel (LFP) a obtenu dans la renégociation des droits télévisés du championnat. La première partie de la saison, qui reprendra le 10 janvier, a débouché sur un scénario inattendu. Rien n’est joué à 18 journées du terme, qu’il s’agisse du titre et, davantage encore, des places européennes. Une bousculade qui augure d’une deuxième partie de saison à suspense.

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