L’Angleterre n’aura plus d’excuse

Chose promise, chose due. L’UEFA valide le passage de l’Euro de 16 à 24 nations alors que 53 nations participent aux éliminatoires. Le comité exécutif de l’UEFA a voté à l’unanimité ce changement, valide pour l’Euro 2016. Une nation comme l’Angleterre arrivera-t-elle encore à passer à côté ? Après ça, Michel Platini osera-t-il dire que c’est Arsène Wenger qui ne pense qu’au business ?

En 2016, l’Euro, pour lequel la France devrait concourir, ne se disputera plus à 16 comme c’était le cas depuis 1996, mais à 24. A l’époque, ce changement correspondait à l’éclatement du bloc de l’Est (ex-URSS et ex-Yougoslavie) qui obligeait l’Union européenne de football à intégrer de nouvelles nations.

Aujourd’hui, l’argumentaire des tenants de cette réforme est discutable. Sportivement, le passage à 24 ne changerait rien. Je ne vois pas de différence de qualité entre 16 et 24, avait déclaré Michel Platini le 28 août dernier. Au départ, je n’étais pas du tout convaincu, avait-il admis. Je me suis fait une idée avec le temps et avec l’Euro 2008. Certains disent qu’on avait les 16 meilleurs. Mais est-ce que ceux qui n’étaient pas à l’Euro 2008 comme l’Angleterre, l’Ukraine ou le Danemark ne méritaient pas d’être là ? Je pense que, sincèrement, il y a plus que 16 bonnes équipes pour un Championnat d’Europe. Comme pour la Ligue des champions, Platini veut élargir la participation. Il y a des pays moyens qui veulent se qualifier pour un Euro et qui souffrent quand ils n’y arrivent pas, avait-il indiqué. Pour ces pays, en cas de non-qualification, le football repart à zéro.

A vrai dire, le passage à 24 change tout. Jusqu’ici, l’Euro passait pour la plus difficile des compétitions à remporter. Plus dure encore que la Coupe du monde qui se joue à 32. Mais en qualifiant près d’une nation membre sur deux, l’UEFA court le risque de faire baisser ce niveau. Effectivement, l’Angleterre a raté la qualification dans des circonstances incroyables. C’est ce type d’accident qui fait le charme du football. Comme en Coupe de France, le petit peut manger le gros. Mais c’était avant cette réforme. Comment la puissante Angleterre pourrait-elle encore manquer le bon wagon ? Plus que les petits pays, ou les pays moyens, cette réforme favorise avant tout les pays économiquement puissants. Et c’est là que l’élargissement de l’Euro est le plus discutable.

Les membres du comité exécutif de l’UEFA savent mieux que quiconque les conséquences financières que peuvent avoir des éliminations prématurées de l’Angleterre, de l’Italie ou de l’Allemagne. Ils viennent de supprimer cet aléa. En sus, ils s’ouvrent de nouvelles perspectives. Car 24 nations, veut dire plus de pays concernés par la compétition, donc des droits de retransmission mieux valorisés. 24 nations, cela veut également dire plus de matches à programmer (la compétition passerait de 31 à 51 matches), donc encore plus d’argent à réclamer aux diffuseurs. De même, dans un calendrier surchargé, l’UEFA, encore une fois, ne montre pas l’exemple. Avec 24 nations, la compétition passera de trois à quatre semaines. L’UEFA multiplie ainsi les risques de blessures des joueurs et s’expose un peu plus encore au dopage.

Michel Platini peut bien reprocher à Arsène Wenger, le manager d’Arsenal, d’être obnubilé par le business, il vient de franchir le Rubicon.
Déclarations

Jean-Pierre Escalettes (président de la Fédération française de football): Le passage d’un Euro à 24 ne complique pas les choses pour un pays organisateur (la France sera candidate pour l’édition 2016). Pour l’instant, quand on construit un stade pour un Euro, il n’y a que deux-trois matches qui s’y disputent, là, il y en aura plus. Mais attention, on n’est pas encore en 2016. Certes, en France, on a le TGV, on a des avions, mais pour les stades, on n’y est pas encore. Quand on voit tout le travail qu’il faut pour faire un Euro en 2012…

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