Pourquoi le soccer perce aux Etats-Unis

Inspirés par leur équipe nationale, en lice pour une place de quart de finaliste de la Coupe du monde, les Etats-Unis s’enthousiasment comme jamais pour le Mondial au Brésil.

Un signe qui ne trompe pas : les audiences des rencontres de l’équipe américaine lors du Mondial n’ont rien à envier à une finale NBA ou aux World Series du baseball. Quelque 25 millions de téléspectateurs ont suivi la retransmission du deuxième match du Team USA face au Portugal de Cristiano Ronaldo (2-2). Face à l’Allemagne (0-1), 14 millions de téléspectateurs ont ainsi suivi la défaite de Team USA devant l’Allemagne (1-0) sur les chaînes ESPN et Univision, défaite pourtant synonyme de qualification. Programmé un jour de semaine, ce match a battu un record en termes de retransmission sur internet avec 1,7 million de téléspectateurs en ligne. On a également vu le président Barrack Obama regarder sur un écran géant le déroulé de la rencontre, décisive pour la qualification. L’enthousiasme pour le soccer se mesure aussi par le nombre de bars et restaurants à New York, Los Angeles, Miami et Boston qui diffusent les rencontres de la Coupe du monde.

L’image du football, longtemps considéré aux Etats-Unis comme un sport réservé aux enfants et aux femmes, a bien évolué. Notamment grâce au développement de la Ligue nord-américaine (MLS) qui s’est offert en 2007 le joueur le plus célèbre de la planète, David Beckham qui a porté le maillot du Los Angeles Galaxy pendant cinq saisons. Mais depuis qu’il a raccroché ses crampons, Beckham tente de créer une équipe à Miami où il se heurte à des grosses difficultés pour construire un stade. Avant la MLS, les Etats-Unis ont eu dans les années 1970 la NASL qui avait fait venir les stars de l’époque comme le Brésilien Pelé et l’Allemand Franz Beckenbauer, sans grand succès. Même l’organisation de la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis n’a pas réussi à installer durablement la popularité de la discipline. Deux camps se divisent sur l’avenir du soccer. Les optimistes voient dans l’investissement d’ESPN (la chaîne détentrice des droits TV du Mondial aux Etats-Unis), le signe que le soccer a changé de dimension. Les pessimistes estiment à l’inverse que la Coupe du monde n’est qu’un épiphénomène. Une fois que les Etats-Unis éliminés, l’intérêt retombera.

Mais l’évolution démographique des Etats-Unis, notamment de la communauté hispanique, pourrait maintenir cette tendance. La popularité du football a progressé de façon significative parmi les jeunes, nous pensons que c’est un bon signe pour le futur, estime un porte-parole de la MLS. Dans les bureaux de la MLS à New York, les regards sont tournés de l’équipe de Jürgen Klinsmann. La ligue apprécie de voir que Klinsmann aligne en moyenne six joueurs estampillés MLS dans son onze de départ. Il faut qu’on soit un championnat que choisissent les meilleurs joueurs du monde, à commencer par les meilleurs américains, martèle le patron de la MLS, Don Garber. Au rayon étrangers, la MLS, qui comptait déjà dans ses rangs l’ancien international français Thierry Henry, a frappé fort : David Villa, meilleur buteur de l’histoire de la sélection espagnole, et le Brésilien Kaka, Ballon d’Or 2007, se sont engagés, respectivement avec le New York City FC et Orlando City SC, deux équipes qui vont faire leurs débuts en 2015.

Les joueurs étrangers ne sont pas les seuls à s’intéresser à ce nouvel Eldorado: les investisseurs aussi, comme le géant autrichien de la boisson énergétique Red Bull (New York Red Bull), l’homme d’affaires indonésien Erick Thohir (D.C. United), un membre de la famille royale d’Abou Dhabi (New York City FC) et bien sûr l’ex-star du football David Beckham, qui fait équipe avec une milliardaire bolivien pour créer une équipe à Miami. Le marché américain attise même l’intérêt des clubs anglais, italiens et espagnols comme Manchester United, Arsenal, Liverpool, l’AS Rome et le Real Madrid qui, à peine la Coupe du monde terminée, seront en tournée aux Etats-Unis.

La MLS n’a plus à rougir face aux tout puissants football américain, base-ball et basket-ball. Avec 18.608 spectateurs en moyenne par match, la MLS est le 3e championnat le plus suivi aux Etats-Unis, devant la NHL et la NBA.

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