Beckham au Real, la boucle est bouclée ?

En recrutant le joueur le plus médiatique de la planète, le club le plus réputé du monde pousse jusqu’à la caricature son modèle économique. Le transfert de David Beckham confirme aussi que le domaine sportif passe au second plan.

Chaque année, une star sous le maillot blanc du Real Madrid. C’est la devise du président madrilène Florentino Perez qui a toujours tenu parole depuis son élection en juin 2000. Un vrai horloger suisse : Luis Figo en 2000 pour 62,6 millions d’euros, Zinedine Zidane en 2001 pour 75 millions d’euros (record à battre), Ronaldo en 2002 pour 45 millions d’euros et enfin David Beckham pour 35 millions d’euros. Un rêve pour les supporters du Real qui reçoivent chaque été un joli cadeau. Pour les autres en revanche, c’est un cauchemar. Désormais rodé, le système Perez – prise de contact avec le joueur, au mépris des règles de la FIFA, avant de négocier le transfert avec son club – est de plus en plus efficace. D’habitude, le Real fait durer le suspense tout l’été, mais pour Beckham tout a été réglé rapidement. Aujourd’hui Florentino Perez fait à peu près ce qu’il veut. Avec Beckham, il pousse même le vice jusqu’à annoncer le transfert quelques jours seulement après l’élection du nouveau président du FC Barcelone, Joan Laporta. Le stratagème est habile. Laporta s’est fait élire en promettant Beckham à ses socios. Fraîchement mandaté, le président catalan se trouve immédiatement en porte à faux vis-à-vis des supporters du Barça…

A la conquête de l’Asie

L’ancien joueur de Manchester United va ouvrir au Real les marchés britannique et surtout asiatique. Plus qu’un joueur de football, David Beckham est le symbole du foot-business. Il n’est pas le meilleur du monde, il ne fait pas gagner de titre, mais il fait vendre. La fortune des Beckham – il est marié avec Victoria, l’ex-Spice Girls – est estimée à 42 milions d’euros. Le Spice Boy est même le footballeur le mieux payé de la planète avec 15 millions d’euros par an dont 8,4 millions proviennent de ses contrats publicitaires : Adidas (également équipementier du Real Madrid), Pepsi-Cola, Vodafone, Marks & Spencer, Castrol, Rage, Meiji Seika et TBC. Actuellement en tournée en Asie avec Manchester United – il rejoindra officiellement le Real Madrid le 2 juillet -, la star du football anglais est une valeur sûre au Japon. Son visage, son style et son image sont plus importants qu’une simple histoire de football explique-t-on chez Dentsu Communications Institute, une filiale du géant de la publicité Dentsu. Les contrats publicitaires au Japon ont déjà rapporté au couple Beckham plus de 400 millions de yens (2,9 millions d’euros). Si son transfert au Real Madrid pourrait entraîner une baisse sensible d’activité de la boutique de Manchester à Tokyo, les entreprises partenaires ne s’inquiètent pas, car les contrats signés le sont avec un homme et non avec un club. Le Real espère profiter de cet aura pour mulitplier ses ventes de produits dérivés dans cette partie du monde. Attention toutefois. Comme souvent au Japon, la beckhammania devrait s’estomper lorsque les gens auront trouvé une autre idole.

Bonne ou mauvaise affaire pour Manchester ?

En Angleterre, certains estiment que Manchester United s’est fait avoir. Pour le Guardian, Manchester United est le grand perdant dans le deal avec le Real. Le quotidien souligne que les Espagnols se sont offert Beckham pour 35 millions d’euros dont 10 millions sont conditionnés par les performances du Real Madrid en Ligue des champions lors des quatre prochaines saisons (pour chaque année 1,25 million si le Real participe, et 1,25 million supplémentaires s’il atteint les quarts de finale) et qui pourraient ne jamais arriver dans les caisses du club anglais. Le tabloïd Daily Star écrit que Manchester United a reçu une leçon en matière de gros sous. La presse anglaise note aussi que Beckham ne disposera plus du numéro 7 qui l’a rendu célèbre en Angleterre, celui-ci étant au Real la propriété de l’attaquant Raul. Ça devrait causer bien des soucis à la chaîne de magasins Marks and Spencer, distributeur de la marque de vêtements de Beckham, 07DB, note le Guardian… Des points de vue que ne partagent pas les dirigeants de MU. Anonymement, l’un d’entre eux avouait il y a quelques semaines qu’il était temps de vendre Beckham : Le contrat de Beckham expire en juin 2005. Si nous voulons vendre le joueur dans de bonnes conditions, ce doit être maintenant. Une vision industrielle validée par La City. Le jour de l’annonce officielle de pourparlers avec le FC Barcelone, la valeur boursière du MU a grimpé de 27 millions d’euros pour peser 600 millions d’euros. Sa plus haute cote depuis deux ans.

JOUEUR NAT DE A SAISON M€
1. Zinedine Zidane FRA Juventus Real 2001-02 75,1
2. Luis Figo POR Barcelone Real 2000-01 61,7
3. Hernan Crespo ARG Parme Lazio 2000-01 56,5
4. Gaizka Mendieta ESP Valence Lazio 2001-02 48
5. Rio Ferdinand ENG Leeds Man.United 2002-03 46,8
6. J.Sebastian Veron ARG Lazio Man.United 2001-02 46,3
7. Ronaldo BRE Inter Real 2002-03 45
8. Rui Costa POR Fiorentina Milan 2001-02 43,7
9. Christian Vieri ITA Lazio Inter 1999-00 42,6
10. Filippo Inzaghi ITA Juventus Milan 2001-02 41,2

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