Anatomie d’un champion: les comptes de l’OL

Champion de France pour la quatrième année consécutive, on pourrait penser de l’Olympique Lyonnais qu’il doit son succès à une gestion saine de ses finances. Pourtant, malgré son statut d’incontestable locomotive du football français, la rentabilité de l’OL n’en reste pas moins précaire.

La faute à une fiscalité peu avantageuse par rapport à ses voisins européens, et à un modèle économique du football-business français encore balbutiant. Explications.

Lors de la saison 2003-2004, la Société de participation dans les clubs sportifs (SPCS), holding détenant 100% de la SASP Olympique Lyonnais, a accusé une perte nette de 6,5 millions d’euros. C’est pire qu’en 2002-2003, où elle avait perdu 6,4 millions d’euros. De quoi faire blêmir le plus aventurier des investisseurs : après quatre titres de champions de France et autant de parcours honorables en Ligue des champions, le club le plus en pointe du football français perd de l’argent !

L’explication est simple : malgré un chiffre d’affaires en hausse (95,9 millions d’euros la saison dernière) et une bonne rentabilité d’exploitation (22 millions d’euros d’EBE en 2003-2004), l’Olympique Lyonnais est soumis comme tous les clubs au coup d’accordéon de ses investissements en transferts. En 2003, par exemple, le départ sans indemnité de Sonny Anderson avait eu pour effet de plomber le résultat exceptionnel du groupe. La SPCS déclarait alors tabler sur un exercice 2003-2004 bénéficiaire. Hélas, un an plus tard, les dotations aux amortissements et provisions avaient une fois de plus plongé les comptes dans le rouge…

Les résultats sportifs ne dispensent pas de la rigueur

Une situtation qui ne devrait plus perdurer avec les nouvelles normes comptables qui permettent l’amortissement des indemnités de transfert sur toute la durée du contrat du joueur (voir La Lettre du Sport n°357). D’autant que la rentabilité d’exploitation sera dopée par le nouveau contrat de Droits TV décroché par la Ligue auprès de Canal + : 600 millions d’euros en moyenne par saison. Il n’en reste pas moins que le modèle économique du football français demeure fragile : les résultats entraînent des primes pour les joueurs et des impératifs en matière de recrutement. Le tout sur la base d’une fiscalité française particulièrement pénalisante par rapport aux clubs rivaux, en particulier anglais.

Les deux meilleures saisons de l’OL sur le plan économique ? 2001-2002, car le titre n’était pas attendu si tôt : les recettes ont dépassé les prévisions. Et 2004-2005, car en dépit d’un quatrième titre et d’une place de quart de finaliste en Ligue des champions, c’est cette saison qu’a choisie le club pour diminuer sa masse salariale. Une nécessité absolue pour préservér la pérennité économique… même pour le premier club de France !
Source DNCG

2003-2004 2002-2003 2001-2002
CA HT 95.922 92.554 93.920
EBE 22.113 20.035 27.853
Résultat d’exploitation -8.510 -2.152 5.494
Résultat exceptionnal -497 -6.447 -3.298
Résultat net/part-du-groupe -6.518 -6.391 694

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