UCI : Brian Cookson détrône McQuaid

Brian Cookson, élu président de l’Union cycliste internationale (UCI) vendredi à Florence, parvient à l’âge de 62 ans à un poste exposé qui couronne une trajectoire classique de dirigeant. Il prend la succession de Pat McQuaid à l’issue d’une campagne particulièrement houleuse.

Architecte-urbaniste de formation, l’Anglais né le 22 juin 1952 est devenu commissaire international en 1986, dix ans avant de prendre les rênes de British Cycling, la fédération britannique qu’il dirige depuis.

Sous sa présidence, la Grande-Bretagne est devenue l’une des puissances dominantes du cyclisme, jusqu’à gagner le Tour de France (Bradley Wiggins en 2012, Chris Froome en 2013) et imposer son implacable férule à la piste lors des deux derniers JO. La responsabilité, il est vrai, en incombe avant tout au manager Dave Brailsford, l’homme-clé de cette réussite qui a d’ailleurs été anobli après les JO de Londres.

Cookson, qui a couru au niveau régional (je continue au niveau Masters, sur route et sur piste), a suivi de nombreux championnats du monde en tant que commissaire. Puis il a été élu en 2009 au comité directeur de l’UCI présidé par Pat McQuaid, dans lequel il a fait entendre à l’occasion une voix discordante.

C’est un homme courtois, maître de lui, affirme l’un de ses collègues qui ne veut pas croire à l’hypothèse entretenue par ses adversaires que Cookson puisse être prisonnier à l’avenir de ses soutiens électoraux: Il ne se laisse pas impressionner.

Au sein de la fédération internationale, Cookson a pris la présidence de la commission de cyclo-cross (2009) puis de la commission route (2011). Il a mis fin à son activité professionnelle d’architecte-paysagiste spécialisée dans le renouvellement urbain dans le Lancashire (nord-ouest de l’Angleterre) pour consacrer tout son temps à une lourde mission: redonner sa crédibilité à l’UCI.

L’Anglais, silhouette mince et barbe poivre et sel, s’est déclaré en juin, moins d’un mois avant la date-limite. Mais sa candidature était depuis le début de l’année un secret de Polichinelle, dès lors que les (nombreux) adversaires de Pat McQuaid s’étaient mis d’accord pour présenter un candidat de consensus.

Il promet de restaurer la confiance

Brian Cookson, élu pour quatre ans à la tête de l’Union cycliste internationale (UCI) contre le président sortant, l’Irlandais Pat McQuaid, affaibli par les secousses de l’affaire Armstrong, promet de restaurer la confiance dans un sport miné par les affaires de dopage.

Au bout d’un débat interminable portant sur l’égilibilité de McQuaid, un vote a sanctionné la défaite de l’Irlandais en poste depuis 2005 et la succession du Néerlandais Hein Verbruggen. Par 24 voix à 18, les délégués de la fédération internationale (14 voix pour l’Europe, 9 voix pour l’Asie et l’Amérique, 7 voix pour l’Afrique, 3 voix pour l’Océanie) ont opté pour le président de la Fédération britannique, soutenu par l’Union européenne de cyclisme (UEC).

J’aimerais remercier Pat pour sa contribution au cyclisme, a déclaré Cookson dans sa première déclaration, sous les plafonds à caissons peints du Palazzo Vecchio, l’ancien palais de la famille des Médicis au temps de la Renaissance. Mais l’ancien commissaire de course a bien insisté sur la nécessité de changer et surtout de restaurer la confiance, le leit-motiv qui a animé sa campagne depuis plusieurs mois après le tsunami -le terme choisi par le directeur général de l’UCI- de l’affaire Armstrong à la fin de l’année dernière.

Je suis fier de ce qui a été accompli, avait déclaré McQuaid dans sa profession de foi. Ce n’est pas le moment de changer de capitaine quand le bateau va dans la bonne direction.

Les grands électeurs en ont décidé autrement, dans un scrutin indécis qui avait commencé par un vote préalable sur la possibilité d’un changement de statuts avec effet immédiat.

Obscures manoeuvres

McQuaid, qui n’a pu faire passer ce texte (21 voix contre 21), a toutefois maintenu sa candidature devant le congrès, ce qui a donné lieu à de longues et obscures manoeuvres dignes de Machiavel, grande figure de Florence.

Un représentant africain a qualifié ces palabres de mascarade après avoir entendu deux éminents juristes suisses s’exprimer sur divers articles, avant un éventuel autre vote préalable. Il faut s’arrêter et passer au vote entre les deux candidats, a fini par couper court Cookson.

Après plus de cinq heures d’interventions diverses, le président de la fédération britannique a gagné son duel dans l’isoloir. Dans ses propos, il a insisté sur l’indispensable changement et le besoin pour le cyclisme de travailler sur de nouvelles bases avec les instances antidopage telles que l’Agence mondiale (AMA) et l’agence américaine (Usada).

Il faut restaurer la crédibilité vis-à-vis du grand public, a souligné pour sa part le Français David Lappartient, président de l’UEC qui a pris parti à la mi-septembre pour Cookson. Ce que nous avons voulu, c’est que le choses se passent conformément aux statuts.

Le puissant patron de la fédération russe, Igor Makarov, est intervenu à plusieurs reprises. Pour s’étonner notamment que Pat McQuaid puisse se présenter sous les couleurs de deux fédérations telles que le Maroc et la Thaïlande: Les Russes ne votent pas à l’élection présidentielle américaine !

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