Sérandour dénonce Laporte

Le président du Comité national olympique et sportif (CNOSF), Henri Sérandour, s’insurge contre les ingérences du secrétaire d’Etat Bernard Laporte dans l’organisation du sport, estimant qu’elles laissent planer une incertitude sur le processus de candidature française aux jeux Olympiques 2018.

Henri Sérandour s’est notamment ému de l’intention de Bernard Laporte de limiter à deux le nombre de mandats des présidents de fédérations, lors d’une conférence de presse clôturant le séminaire des villes pré-requérantes à l’organisation des jeux Olympiques d’hiver 2018 (Annecy, Grenoble, Nice, Pelvoux). Ce genre de décision s’applique dans les républiques bananières. S’ils vont jusqu’au bout, ils nous mettent dans une situation très difficile sur le plan international, a estimé M. Sérandour. On prendra nos responsabilités, en espérant qu’en haut ils les prennent aussi mais il y a une incertitude sur le processus 2018. On est mal à l’aise par rapport à ces villes candidates mais je ne suis pas sûr que ça vaille le coup de continuer dans ces conditions.

Après l’échec de la candidature de Paris aux JO 2012, j’ai décidé de faire des présidents de fédérations olympiques les ambassadeurs de la candidature aux JO 2018, a poursuivi Le président du CNOSF. Or quand un dirigeant arrive dans une fédération, c’est au minimum huit ans de travail pour pénétrer une fédération internationale. Limiter le nombre de leur mandat à deux fois quatre ans, c’est les discriminer sur le plan international.

Quelle tronche j’aurai devant le CIO?

Les représentants des quatre candidates se sont déclarés à l’unisson confiants dans le CNOSF qui doit décider le 18 mars 2009 d’envoyer ou non une candidature française à l’organisation des JO d’hiver 2018, et si oui annoncer le nom de la ville retenue.

M. Sérandour a anticipé sur une réaction négative du Comité international olympique (CIO) envers une candidature française : Quelle tronche j’aurai devant le CIO si notre mouvement sportif n’est pas reconnu sur le plan national ?

On nous dit +Soyez dans les fédérations internationales ! Ayez de l’ambititon !+ Je ne crois pas que l’on aurait fait 40 médailles à Pékin sans ambition. Curieusement, on ne nous respecte pas sur notre territoire et on voudrait que l’on soit performants sur le plan international, a conclu le président du CNOSF qui passera la main en mai 2009 à un successeur élu par les présidents des fédérations sportives.

Le secrétaire d’Etat aux Sports Bernard Laporte a plusieurs fois exprimé l’intention de réglementer la gouvernance des fédérations sportives, notamment en imposant une limite au nombre de mandats.
Le badminton plus difficile à gérer que les Etats-Unis ?

Côté ministère, on renvoie Henri Sérandour sur la touche. Dans le journal L’Equipe, la réponse d’Hugues Moutouh, le directeur de cabinet de Bernard Laporte, est sans concession. La question des mandats, il y a un an qu’on en parle. Il faut que rentre dans les moeurs, au même titre que la parité. Et si le mouvement sportif s’entête, il va falloir qu’il nous explique pourquoi on peut diriger les Etats-Unis avec deux mandats, mais pas la Fédération de badminton !.

Le secrétaire d’Etat aux sports, Bernard Laporte, a répété mercredi son intention de limiter à deux le nombre de mandats cumulables par les présidents de fédérations sportives. Tout le monde considère qu’il est bon pour la démocratie qu’un président de la République ne puisse pas faire plus de deux mandats. Et pourquoi (cela ne vaudrait) pas pour un président de fédération ?, s’est interrogé M. Laporte en recevant au Parc des Princes le rapport sur la compétitivité du football professionnel de la part de son collègue secrétaire d’Etat chargé de la Prospective, Eric Besson. Il faut avoir le courage de dire qu’un président de fédération ne peut pas rester en place 15, 20, 30 ans ! Et pourquoi pas des présidents de fédérations à vie ? Non, il faut une limitation des mandats et un système électoral plus moderne, a repris M. Laporte.

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