Quel héritage laisse Lamine Diack ?

Qu’il se nomme Sebastian Coe ou Sergueï Bubka, le successeur de Lamine Diack à la tête de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) va tourner une page. A la tête de l’IAAF depuis plus de 15 ans, le Sénégalais passe le témoin à 82 ans, après avoir joué avec succès sur plusieurs terrains.

Avec la retraite du premier dirigeant africain de l’histoire de l’IAAF, c’est un des derniers caciques du monde sportif qui quitte la scène, en attendant le départ effectif de Sepp Blatter de la Fédération internationale de football (FIFA) l’an prochain. Sauteur en longueur sous le maillot de l’équipe de France, puis joueur de football et DTN de l’équipe du Sénégal, le pays ayant accédé à l’indépendance en 1960, Lamine Diack a mené en parallèle des activités de politicien et de dirigeant sportif national puis international.

A la fois président du Comité national olympique, maire de Dakar, parlementaire et vice-président de l’IAAF. A la mort subite de l’Italien Primo Nebiolo, il est propulsé à la tête de la Fédération internationale par acclamations en décembre 1999. Il aura été le premier président non-européen, et surtout précurseur africain, de l’institution gérant le premier sport olympique. Il a une analyse politique et pas une vision purement sportive. Cette vision stratégique lui a permis de revitaliser l’athlétisme, qu’il a réussi à sauver sur le plan financier, notamment en trouvant des partenaires qu’il est allé chercher en Asie. Il a su élargir le champ de l’athlétisme. Il y a une dimension universelle propre à l’athlétisme, encore faut-il aller au-delà de la pratique, explique Bernard Amsalem, membre du conseil de l’IAAF. Quand je suis devenu vice-président de l’IAAF, en 1976, le gros challenge était de démocratiser l’institution et développer l’athlétisme dans le monde à partir de son noyau historique d’Europe et d’Amérique du Nord, souligne le président partant. Depuis les Championnats du monde d’Osaka (Japon), en 2007, la compétition bisannuelle se déroule alternativement en Europe (Berlin/2009, Moscou/2013, Londres/2017) et en Asie (Daegu/2011, Pékin/2015, Doha/2019).

Financièrement, les recettes de télévision et de sponsoring se sont élevées en 15 ans à plus d’un milliard d’euros et les réserves financières de l’IAAF, basée à Monaco, sont d’environ quelque 60 millions d’euros.

Mais un certains nombres d’affaires sont apparues pour ternirent son bilan. Son fils, Pape Massata Diack, chargé de mission marketing au sein de l’IAAF, a été contraint de quitter l’instance, accusé d’être impliqué dans une affaire de corruption visant à couvrir des cas de dopage en Russie. Le trésorier de l’IAAF, et président de la fédération russe Valentin Balakhnichev, n’a pas non plus résisté au scandale. Le dopage, justement, étend toujours son ombre sur l’athlétisme, malgré de réelles avancées dans la lutte sous sa présidence. Dans une ambiance de fin de règne souvent propice au déballage des affaires de famille, l’IAAF a été sévèrement attaquée ces dernières semaines sur ce front. Le premier sport olympique est montrésdu doigt parce que le dopage y serait commun et que l’institution ne serait pas trop regardante. C’est à ces conclusions que sont parvenus la chaîne publique allemande ARD et le journal britannique Sunday Times. S’appuyant sur 12.000 analyses sanguines qui ont fuité des bases de données de l’IAAF, les deux médias avancent qu’un tiers des médaillés mondiaux ou olympiques entre 2001 et 2012 présenteraient des valeurs suspectes. La Russie et le Kenya sont particulièrement visés. L’IAAF a jugé sensationnalistes et trompeuses ces allégations sorties d’un contexte autrement plus complexe.

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