Le sélectionneur en guerre contre les Cheikhs !

Un cri d’alarme et un coup de gueule: Bénédicte Emond Bon, sélectionneur national de l’endurance, s’inquiète du pillage des chevaux français par les émirats du Golfe, et dénonce le partenariat entre les Jeux équestres mondiaux (JEM) 2014 en Normandie et Meydan, structure de l’émir de Dubaï.

En espérant qu’il me reste des chevaux pour les JEM, je vais privilégier les cavaliers qui en ont plusieurs et les propriétaires qui les gardent, lance-t-elle.

L’ancienne cavalière a assisté vendredi soir à Fontainebleau au succès, d’un bout à l’autre des 160 km, de la jeune Bretonne Géraldine Brault, en selle sur Pomoska du Barthas, lors de la première des quatre épreuves de sélection.

Je comprends qu’on ait besoin de sponsors, que les choses marchent avec de l’argent. Mais ce n’est pas une raison pour se faire acheter tout le temps, poursuit Bénédicte Emond Bon dans son réquisitoire. Elle ne décolère pas contre les JEM qui ont fait entrer le loup dans l’écurie, selon elle, comme partenaire-titre, pour boucler le budget. En l’occurrence, l’émir de Dubaï Cheikh Mohammed Al Maktoum, vice-président et Premier ministre des Emirats arabes unis… et grand amateur d’endurance.

Ficelé par l’argent

Avec les pétrodollars, l’émir avait lancé une OPA sur le monde du cheval,dans les années 80, en commençant par son plus prestigieux représentant, le pur-sang anglais.

L’endurance lui a apporté une légitimité historique,le pur-sang arabe étant la race dédiée de la discipline. C’est la seule discipline (équestre, ndlr) où les cheikhs peuvent monter et gagner. Il suffit de se poser sur un cheval ou presque. Ils ne pourraient pas le faire en complet, souligne le sélectionneur national. Le souverain de Dubaï est d’ailleurs champion du monde 2012, et sa progéniture l’imite sur les podiums.

En endurance, il n’y a rien à gagner, au contraire du saut d’obstacles qui propose des allocations en centaines de milliers d’euros pour les concours majeurs. C’est donc Cheikh Al Maktoum qui, grâce à sa manne inépuisable, fait vivre le milieu, et les éleveurs en particulier. Le prix d’un cheval peut atteindre jusqu’à un million d’euros.

En retour, l’émir s’affranchit régulièrement du règlement. Ainsi aux JEM-2010 à Lexington (Etat-Unis), son cheval, boiteux, avait été porté à bout de bras jusqu’à l’arrivée et ensuite admis au contrôle vétérinaire. Résultat: médaille d’argent.

Il y a une étanchéité entre l’aspect partenariat et l’aspect sportif. On livre un événement dans le cadre de la Fédération équestre internationale (FEI), explique à l’AFP Laurent Cellie, directeur des sports aux JEM 2014 (24 août au 7 septembre).

Sauf que, poursuit Bénédicte Emond Bon, il y a un conflit d’intérêts à la FEI, dont la présidente (la princesse Haya de Jordanie, ndlr) est l’épouse du Cheikh. Et elle conclut: A la FEI, ils font ceux qui ne voient pas. Tout le monde dans l’endurance est ficelé par l’argent.

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