Le basket européen poursuit son oeuvre d’autodestruction

Après les Jeux Olympiques de Barcelone (1992), tout le monde était d’accord sur un point : le basket devait devenir le sport du 21e siècle. Une décennie plus tard, les dirigeants européens ont sabordé une discipline qui n’en finit plus de sombrer.

En France, Antibes et Montpellier ont été éjectés de la Pro A faute de moyens financiers. Limoges doit revoir ses ambitions à la baisse un an après son retour parmi l’élite car les sponsors font défaut. Le public ne s’intéresse pas vraiment à un championnat qui souffre de la domination de l’ASVEL et de Pau-Orthez. On pourrait croire que le basket a touché le fond lors de la finale de Pro A. Retransmis en direct en France 3 (dimanche 23 juin à 13h30), le match du sacre pour Villeurbanne n’a réalisé que 0,8 point d’audience ! Une audimat digne des chaînes du câble et du satellite !

Le bilan est catastrophique au niveau national. Il est encore pire au niveau européen. Histoire d’achever un peu plus la bête, les dirigeants européens s’échinent à entraîner leur sport dans les abîmes. Revue de détail en trois actes :

ACTE 1 : L’EUROLIGUE REVOIT SON FORMAT
Après une saison de transition visant à regrouper les clubs de la Suproleague (compétition FIBA) et ceux de l’Euroligue (compétition estampillée ULEB), l’ULEB (Union des ligues européennes) a révélé les changements pour l’an prochain. Les clubs étaient 32 l’année dernière. Ils ne seront plus que 24 pour la saison 2002-2003. Les pays les mieux représentés seront la Grèce, l’Espagne et l’Italie avec quatre clubs chacun, puis viendront la Turquie et la France, où Pau-Orthez et l’ASVEL ont été désignés, avec deux formations. Israël, l’Allemagne, la Croatie, la Yougoslavie, la Russie, la Pologne, la Lituanie et la Slovénie présenteront un club chacun. Les équipes seront réparties en 3 poules de 8. Elles devront finir dans les 5 premières de chaque poule (plus le meilleur 6e) afin d’entrer dans le Top 16, lui-même composé de 4 poules de 4. Les 4 vainqueurs de ces mini-championnats disputeront le Final Four à Barcelone. Incompréhensible, mais on a l’habitude. L’ULEB a par ailleurs adopté de nouvelles conditions de participations pour les saisons comprises de 2003 à 2006. Concernant la France, deux clubs seront engagés. En 2003, le club classé numéro un dans son championnat national en prenant en compte les résultats de Pro A et en Coupe de France sur les saisons 2000-2001, 2001-2002 et 2002-2003 bénéficiera d’une place garantie jusqu’en 2006. Le deuxième club qualifié sera le champion national, saison après saison, s’il satisfait à certains critères extra-sportifs (capacité de la salle, etc.). La saison prochaine vaudra donc cher, puisqu’à son terme, l’ASVEL ou Pau-Orthez, aujourd’hui à égalité parfaite, obtiendra trois saisons d’Euroligue garanties.

ACTE 2 : LA FIBA FAIT DISSIDENCE AVEC L’ULEB
C’est un peu le monde à l’envers. On arrive aujourd’hui à la situation ubuesque où la Fédération internationale (FIBA) a décidé de se séparer de l’ULEB (l’organisme dissident au départ) pour lancer sa propre épreuve. Pas de Suproleague au menu mais une Coupe des Champions. La FIBA espère récupérer des déçus de l’Euroligue comme la Panathïnakos, le dernier champion de… l’Euroligue. Le club grec affirme que l’ULEB reste redevable de sommes importantes envers tous les clubs. Le Pana réclame sa part s’élevant à 3 millions de dollars (l’ASVEL s’était aussi émue en son temps ne pas avoir reçu son enveloppe, plus modeste, de 250.000 dollars). Le champion d’Europe, qui s’étonne de la non-publication des comptes de l’ULEB, a l’intention de solliciter le TAS (Tribunal arbitral du sport). Les équipes qui accepteraient de participer à cette nouvelle compétition conserveraient leurs droits télévisuels et marketing individuels si elles en disposent.

ACTE 3 : L’ULEB CONTRE-ATTAQUE
Maintenant que la Fédération légaliste (la FIBA) est devenue frontiste, l’ULEB a beau jeu de lancer à son tour une nouvelle Coupe d’Europe parallèle à l’Euroligue. L’Union des Ligues européennes de basket-ball inaugurera en octobre prochain l’ULEB Cup. Lors de la première phase, les 32 équipes engagées (4 clubs pour l’Espagne, l’Italie et la Grèce, 3 clubs pour la France, la Ligue Adriatique, 2 clubs pour l’Allemagne, la Belgique et le Portugal, 1 club pour la Turquie, Israël, la Russie, la Yougoslavie, la Pologne, la Suisse, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas) seront réparties en quatre poules de huit. Les clubs s’affronteront lors d’un mini-championnat de 14 journées. Les quatre premiers de chaque poule seront qualifiés pour les huitièmes de finale. Huitièmes, quarts et demi-finales seront joués en matches aller-retour. La finale, en un seul match, aura lieu le 29 avril 2003. Le vainqueur de l’ULEB Cup sera qualifié pour l’Euroligue la saison suivante. L’Union des Ligues européennes a, en outre, annoncé que les pays qui n’utiliseront pas leur quota de quatre équipes engagées en Euroligue bénéficieront d’une place supplémentaire en Euroligue la saison suivante ! Bref, on tourne en rond. Cerise sur le gâteau : toute équipe renonçant à cette compétition au profit d’une Coupe FIBA sera interdite d’ULEB Cup lors des saisons suivantes.

Pendant ce temps, la NBA se gausse de la médiocrité des dirigeants européens et recrute à tour de bras dans le vivier des clubs continentaux pour alimenter ses propres formations…

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