La Fédération à un tournant

Sept mois après le zéro pointé des jeux Olympiques de Londres, une première depuis 1960, l’escrime française est à un tournant de son histoire et les élections fédérales de samedi pourraient aboutir à un changement de présidence.

Deux listes pour un fauteuil. Le président sortant, Frédéric Pietruszka, se représente pour un troisième mandat à la tête d’une fédération qu’il dirige depuis 2005. En face, la mobilisation s’est faite autour d’Isabelle Spennato-Lamour, épouse de l’ancien ministre des Sports et champion olympique de sabre Jean-François Lamour. Il y a vraiment une scission entre la DTN, les entraîneurs nationaux et les entraîneurs de clubs, souligne M. Pietruszka. Il y a une vraie rupture entre élus, techniciens et athlètes, avance Isabelle Lamour.

A quelques mots près, les deux listes – Escrime Ensemble pour Pietruszka et Passion Escrime pour Lamour – dressent un même constat sur les raisons du fiasco londonien. Alors, pourquoi faire liste à part ?

Parce que si le constat et les buts à atteindre sont probablement les mêmes, les moyens d’y parvenir sont radicalement différents, explique Isabelle Lamour. C’est la principale critique contre le président sortant: son trop grand dirigisme. Je n’ai jamais imposé quoi que ce soit, des décisions ont été votées, se défend Pietruszka. Je souhaite un fonctionnement démocratique avec un petit peu d’ordre, c’est-à-dire qu’il faut que chacun applique les décisions, et soit à l’écoute de nos clubs et de nos athlètes.

Sa gestion de la fédération relève du management d’entreprise. Moi je suis à l’opposé de tout cela, affirme son opposante. On s’appuie sur des cadres, des salariés, des bénévoles, des maîtres d’armes… des populations très diverses, et beaucoup ne sont pas rémunérés. On ne peut pas avoir une approche comme dans une entreprise, c’est une association.

Les tenants du président sortant la raillent, soulignant le flou de ses propositions. De l’autre côté, on a beaucoup d’idées, de critiques, mais on ne sait pas vraiment ce qu’est un fonctionnement fédéral. Cette inexpérience va être préjudiciable, estime Pietruszka. Nos propositions collent au terrain. Quelle légitimité j’ai pour réunir les responsables ou présidents de Ligue ou de clubs? Je sais où je veux aller mais j’attends d’avoir cette légitimité pour faire des propositions consensuelles, rétorque Isabelle Lamour.

Autre sujet de discorde, l’état des finances. Les finances sont globalement dégradées. Il y a souvent eu de bonnes idées, mais la mise en oeuvre n’est pas toujours en phase avec ce qu’on est, avec la taille de notre fédération, constate Isabelle Lamour, évoquant l’acquisition d’un nouveau siège et l’organisation des Mondiaux 2010 à Paris. Les finances sont correctes, rétorque Pietruszka. On a fini l’année 2012 avec plus 25.000 euros. On a redressé une situation difficile, c’est vrai. Mais le budget 2013 est en équilibre et quel que soit le président qui viendra, on laisse une trésorerie relativement faible mais une gestion qui permet de voir l’avenir dans la bonne direction.

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