La diplomatie sportive française en action

La France, représentée depuis peu par un troisième membre au CIO, le triple champion olympique de canoë Tony Estanguet, entend profiter de la session élective de Buenos Aires pour mettre en oeuvre la stratégie dessinée par sa nouvelle cellule diplomatique conduite par Bernard Lapasset.

Le président de l’International Rugby Board (IRB), vice-président du Comité olympique français (CNOSF), trilingue et bien introduit dans les arcanes du CIO depuis sa campagne victorieuse pour l’inscription du rugby à 7 aux JO, refuse de réduire sa mission à la seule observation du scrutin qui accouchera de la ville hôte des JO 2020. Il n’y a aucune raison de lancer une candidature sur la seule foi de ce que l’on aura vu à Buenos Aires, dit-il. Sa préférence entre Tokyo, Madrid et Istanbul, dans l’optique d’un dossier français pour 2024 ? L’alternance, règle non écrite du CIO, est aujourd’hui moins géographique que stratégique. Bien sûr que ce serait plus favorable si Tokyo était élu. Mais si on réfléchit à une candidature française sur un mode d’exclusion des autres, on est mal partis, note Lapasset.

Huit ans après le désastre de Singapour et la défaite face à Londres pour 2012, la France va à Buenos Aires pour prendre des informations sur la géopolitique nouvelle d’un CIO qui élit son nouveau président mardi. On aura ensuite le temps de s’organiser, de lancer des études d’opportunité ou de faisabilité, reprend Lapasset, sachant que la date limite de dépôt des candidatures pour les JO de 2024 est fixée à septembre 2015.

Le Commonwealth en exemple

En Argentine, les envoyés spéciaux, coordonnés par la cellule française des relations internationales (CFSI), vont également commencer -ou continuer- à tisser des liens solides et permanents avec des gens qui ont des positions dominantes… Bref, entrer dans le lobbying basique mais indispensable pour avancer ses pions, ses candidatures, qu’elles émanent de dirigeants ou de sites. Et surtout, éviter les bourdes. Candidat malheureux à la présidence de Sport Accord en mai dernier, Bernard Lapasset se souvient de l’impression désastreuse ressentie en arrivant dans les allées de cette grand messe dédiée au sport : Il y avait un stand France, avec une charmante hôtesse et un pot de fleurs, mais vide. Et puis à côté, un magnifique stand Singapour présentant le projet de stade, animé par un Français de chez Bouygues… Ce sont ces incohérences qu’il faut à l’avenir éviter, ces synergies qu’il faut créer.

Jean-Claude Killy, Guy Drut et Tony Estanguet, le dernier Français élu au CIO qui siègera pour la première fois à Buenos Aires, Denis Masseglia, le président du CNOSF, la ministre des sports Valérie Fourneyron tenteront donc de regagner le terrain perdu depuis huit ans sur ce plan, économique et logistique, mais aussi relationnel. La France mauvaise perdante, arrogante. C’est une image qui nous colle encore à la peau depuis 2005, déplore Lapasset. En revanche, il y a beaucoup de gens qui attendent quelque chose de la France. On a par exemple perdu beaucoup de terrain en Afrique en abandonnant les programmes d’accompagnement aux comités olympiques locaux. Il faut les reprendre ! Et le président de l’IRB, habitué à jouer avec les votants britanniques, de rêver tout haut à une constellation francophone comparable au Commonwealth.

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