L’Olympe se renouvelle

En six mois, l’Olympe sportif va changer profondément de visage avec des nouveaux patrons à la tête du Comité international olympique (CIO) en septembre, de l’Agence mondiale antidopage (AMA) en novembre et de SportAccord, le regroupement des fédérations, dès vendredi.

La petite planète du sport olympique a rarement connu une telle frénésie électorale. A Lausanne, sa capitale où siègent une vingtaine d’instances, à commencer par le CIO, les jeux de coulisses ont pris une tournure plus sérieuse depuis le printemps. Mais c’est dans l’ancienne capitale des tsars que les divers prétendants vont pouvoir intensifier cette semaine leur campagne qu’elle soit officielle ou encore officieuse, lors de la convention de SportAccord, genre de grand salon commercial, qui se tient jusqu’à vendredi à Saint-Pétersbourg, en Russie.

Six hommes ont déjà clairement annoncé qu’ils brigueront le 10 septembre à Buenos Aires la succession du Belge Jacques Rogge, arrivé au terme de ses deux mandats de huit et quatre ans à la tête du CIO. Trois Européens, l’Allemand Thomas Bach, le Suisse Denis Oswald et l’Ukrainien Sergueï Bubka, deux Asiatiques, le Singapourien Ng Ser Miang et le Taïwainais Ching-kuo Wu, et un Américain, le Portoricain Richard Carrion, visent ainsi le poste suprême, qui n’a échappé qu’une fois aux Vieux-Continent depuis la création de l’instance en 1894. Ils pourraient être sept, si une autre ancienne gloire de l’athlétisme, la Marocaine Nawal El Moutawakel, se joint à eux dans la course avant la date limite du 10 juin.

Le poste est prestigieux mais la tâche n’est pas simple. Comment conserver l’intérêt pour les jeux Olympiques et éviter la dérive vers le gigantisme, voilà les principaux défis qui attendent le prochain maître des anneaux, souligne Jean-Loup Chappelet, professeur de management à l’Institut de hautes études en administration publique de Lausanne. Car comme le souligne cet observateur avisé du mouvement sportif, le programme des JO est historique mais pas très attractif.

Bien que beaucoup moins courue et attendue, l’élection du prochain président de SportAccord n’est cependant pas sans importance. Sous la baguette du Néerlandais Hein Verbruggen, cette sorte de super fédération des fédérations internationales s’est mis à lancer des Jeux pour tous ces sports qui n’auront jamais accès aux JO, déclinés en World Combats Games (combat), World Mind Games (esprit), World Artistic Games (artistique) et autres World Beach Games (plage). Si l’ex-boss du cyclisme (UCI) passait pour être trop entreprenant aux yeux de certains, rien ne dit que son successeur le soit moins. Les deux candidats, le Français Bernard Lapasset, le patron de l’instance dirigeante du rugby (IRB) et l’Autrichien Marius Vizer, président de la Fédération internationale de judo, ont des idées bien différentes de l’orientation à donner à SportAccord.

Autre poste de premier plan qui se libère : président de l’Agence mondiale antidopage. Le choix se fera lors de la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport à Johannesbourg du 12 au 15 novembre, mais il dépendra énormément de l’élection au CIO. L’ancien ministre des Finances australien John Fahey, qui n’avait aucune connaissance réelle du sujet à son arrivée en 2007, ne laissera pas un souvenir impérissable. Surtout, l’AMA voit poindre la fronde des fédérations, lassées de devoir investir des millions dans la lutte contre le dopage sans grand résultat. Si le chef actuel de l’AMA était issu des gouvernements, le prochain chef sera issu du mouvement sportif au nom de l’alternance entre les deux composantes de l’institution dont le siège est à Montréal (Canada). Le Britannique Craig Reedie, membre de la commission exécutive du CIO, n’a pas caché son intérêt. Plusieurs verraient bien aux commandes Denis Oswald, s’il ne décroche pas celles du CIO.

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