Je suis dans une démarche de sauvegarde

Jacques Bolle, récemment réélu pour quatre ans à la présidence de la Fédération française de motocyclisme (FFM), a affirmé jeudi à l’AFP que son mandat était plus placé sous le signe de la sauvegarde du sport moto que de son développement.

Q: le sport mécanique connaît quelques soucis avec les défenseurs de l’environnement. Quelle est la position de la Fédération?

R: Mes prédécesseurs étaient plutôt dans une démarche de développement. Je suis plutôt dans une démarche de sauvegarde. En 2009, un sondage nous avait rassurés en affirmant qu’une grosse majorité de Français ne souhaitait pas la disparition des sports mécaniques. Néanmoins, il est clair que pour certains écologistes extrémistes, cette issue serait logique. On est obligé régulièrement, y compris par la voie judiciaire, d’engager des procédures. Souvent les préfets obéissent aux pressions des lobbies écologistes et interdisent des épreuves pour des raisons +ubuesques+. Comme pour ce prologue d’enduro qui avait été interdit à Carpiagne (quartier de Marseille) dans le camp des Garrigues sous prétexte qu’il y avait un risque d’érosion des sols alors que ce terrain était utilisé pour les manoeuvres de chars Leclerc de 58 tonnes! Le juge administratif ne s’y était pas trompé et nous avait donné gain de cause et autorisé l’épreuve. On lance des procédures à chaque fois qu’il y a un abus manifeste de l’administration et généralement, on gagne.

Q: vous rachetez des terrains également pour faire perdurer une épreuve?

R: En effet, la FFM rachète régulièrement des terrains de motocross, pas pour des problèmes environnementaux ou administratifs mais plutôt à l’occasion de successions. Le club qui a une activité sur le site n’a souvent pas les moyens de racheter le foncier et la Fédération se substitue à lui tout en le laissant gérer l’activité. Pour ce qui concerne le circuit Carole, en banlieue parisienne, il s’agit d’un autre cas de figure. Le circuit appartient à l’Etat et était géré, jusqu’en 2011, par le département de Seine-Saint-Denis. En 2010, celui-ci a fait savoir qu’il ne souhaitait plus poursuivre sa tâche car le circuit perdait environ 300.000 euros chaque année. On craignait qu’en l’absence de gestionnaire, le circuit, inauguré en décembre 1979, ferme purement et simplement. Le foncier, 18 hectares, est très convoité dans cette zone d’activité et la FFM, dans le cadre d’une délégation de service public, est devenue gestionnaire le 1er janvier.

Q: la jurisprudence en matière d’accident vous pose d’autres problèmes?

R: En effet, c’est une problématique majeure sur laquelle on travaille au quotidien. Il y a une évolution très importante depuis 2010 en la matière. La jurisprudence tend à considérer que tous ceux qui proposent une activité à risques doivent en assumer toutes les conséquences. Peu importe qu’il y ait faute ou non. Si un pilote chute au premier tour et se fait percuter par un concurrent, il peut se retourner contre lui, même en l’absence de faute, et exiger des réparations. Il y a peu encore on considérait que c’était un fait de course dû à la fatalité. Aujourd’hui, la théorie du risque accepté est en train de disparaître. Comme le pilote incriminé est assuré par nos soins, le nombre de sinistres que nous prenons en charge a explosé. A terme, cela va se répercuter sur les cotisations de nos 70.000 adhérents. L’UFOLEP (première fédération multisports affinitaire en France) a déjà été obligée de tripler le prix des licences pour le motocross cette année.

Propos recueillis par Sylvain DUBUS

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