Bach : Je commencerai sur une page blanche

Le tout nouveau président du Comité International Olympique (CIO), l’Allemand Thomas Bach, accusé par certains de ses adversaires d’avoir noué des liens pour sa victoire, a promis qu’il était totalement libre de ses mouvements pour diriger l’olympisme. Une volonté d’afficher son indépendance afin de pouvoir prendre la succession du président précédent, Jacques Rogge, de la meilleure des manières.

Comment avez-vous vécu cette élection ?
Thomas Bach: Cela a été très émouvant, je n’oublierai jamais ce moment. Je ne me souviens pas vraiment de la cérémonie où j’ai reçu ma médaille d’or à Montréal, lors des Jeux de 1976, mais plus de mon retour dans ma ville natale de 10.000 habitants où 30.000 personnes m’attendaient. Ces émotions vont droit au coeur.

Quand vous êtiez jeune escrimeur, vous rêviez des Jeux. De même rêviez vous d’être un jour président du CIO quand vous êtes rentré au CIO en 1991?
Quand j’ai commencé à faire de l’escrime, je voulais en fait devenir un footballeur ! Je n’ai pas commencé l’escrime de mon plein gré, ce sont mes parents qui m’ont poussé, moi je voulais jouer au foot… Je vais vous épargner les discussions qu’il y a eues à la maison. Ils m’ont finalement convaincu d’aller dans un club d’escrime parce que cela m’aiderait pour le football sur le plan développement physique. Vous connaissez la fin de l’histoire.

Dans un documentaire télévisé de la chaîne ARD, le cheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah du Koweït dit avoir conclu un pacte avec vous. Lui êtes vous redevable de quelques chose ?
Ce qui a été présenté dans ce documentaire est faux et absurde, il n’y a aucune substance à la base de ce documentaire. En juillet, je l’ai dit clairement à mes collègues. Je n’ai fait aucune promesse. Mardi à Lausanne, je commencerai sur une page blanche, je n’ai aucun engagement vis-à-vis de qui que ce soit ou de quoi que ce soit.

Quelle politique doit mener le CIO concernant les droits de l’homme?
Il n’y a pas de doute quant au respect de la charte olympique au regard des Jeux Olympiques et de ceux qui y participent. Il faut que nous disions très clairement ce que le CIO peut faire, ce pourquoi nous sommes là, quand la charte s’applique et ce que nous ne pouvons pas faire. Le CIO ne peut pas être complétement apolitique. Nous devons bien comprendre que nos décisions telles que celle de donner les Jeux Olympiques ont des implications politiques et ces implications nous devons les prendre en compte. Mais pour remplir notre rôle et pouvoir s’assurer que durant les Jeux, la charte soit respectée, il nous faut être strictement neutre. Je me rappelle quand moi-même j’étais aux JO en 1976 en tant qu’athlète… Vous n’avez pas envie que des controverses politiques atteignent les sites ou le village olympique ! En tant qu’athlète, vous avez le droit de faire votre sport, de faire de la compétition et de promouvoir ainsi les valeurs du sport mais vous devez être à l’abri des controverses politiques. Les opinions doivent s’exprimer en dehors des sites de compétition.
Le parcours de Thomas Bach

L’Allemand Thomas Bach a entamé sa route vers le sommet du sport mondial en bataillant contre le boycott des Jeux de Moscou en 1980, où il voulait défendre son titre olympique de fleuret par équipes. Champion olympique par équipes aux
JO de Montréal en 1976 et double champion du monde en 1976 et 1977, il a vécu comme une profonde injustice la décision de l’Allemagne de l’Ouest d’imiter les Etats-Unis en refusant d’envoyer ses athlètes en URSS.

À la fin de sa carrière sportive, le jeune homme se lance comme avocat d’affaires avec Horst Dassler, grand patron d’Adidas, et découvre le CIO de Juan Antonio Samaranch. En 1991, à 37 ans, l’Allemand devient membre du CIO et neuf ans plus tard, il est élu vice-président. Il lui faudra attendre 2013 et son élection en tant que président du CIO pour enfin atteindre le sommet de l’institution olympique.

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