Wavegarden, la nouvelle vague

Au creux de vertes collines, en bordure d’une rivière de la province espagnole de Guipuzcoa, un bassin de 250 mètres permet de faire du surf loin de la mer. Un concept nouveau salué par les professionnels et qui devrait s’étendre un peu partout en Europe.

C’est vraiment incroyable ! Ici, on n’est pas dans l’océan, on est en pleine nature, s’enthousiasme Nikki Van Dyk, surfeuse australienne de 18 ans, qui vient de remporter le Pantin Galicia Pro et s’est qualifiée pour le World Tour la saison prochaine. Début octobre, la crème des meilleurs surfeurs australiens, présents dans le Sud-Ouest de la France pour participer à une étape du championnat du monde de la discipline, a testé ce prototype créé à Aizarnazabal, près de Saint-Sébastien. Dans un bassin long de 250 mètres et d’une largeur de 48 mètres – moitié moins que le modèle proposé à la vente – une pale installée se déplace au fond de l’eau et crée deux vagues simultanées, d’environ 1,20 m de hauteur, toutes les trois minutes.

Wavegarden, une marque déposée, n’est à ce stade qu’un prototype ouvert seulement aux professionnels. Contrairement aux piscines à vagues, qui nécessitent des réservoirs, Wavegarden est une lagune à l’air libre et toute sa machinerie est sous l’eau. C’est la raison pour laquelle le bassin peut se fondre dans le paysage, tout en permettant à 50 à 100 sportifs de surfer en même temps. La vague peut être réglée et atteindre deux mètres de haut dans un bassin plus large, explique Felip Verger, chargé de communication, avant de préciser que, quelle que soit la longueur du bassin, l’intensité de la vague ne variera pas. C’est génial de pouvoir venir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit (…) il n’y a plus le problème de manque de vague, se félicite l’Australien Bede Durbridge, 30 ans, vice-champion du monde en 2008.

C’est l’Espagnol Jose Manuel Odriozola, 44 ans, ingénieur et surfeur, constructeur notamment de skate-parcs, qui a imaginé il y a une quinzaine d’années le Wavegarden. Il a travaillé en solitaire avant de se lancer avec son équipe d’une quinzaine de personnes, à partir de 2009. Tous les ingrédients étaient réunis pour que ce prototype soit fabriqué ici, où le savoir-faire sur les machines outils est ancien. En outre, ajoute-t-il, la douzaine d’ingénieurs de l’équipe pratique le surf: nous savions quel devait être le résultat final. Son prototype, assure-t-il, répond aux besoins de tous les surfeurs et surtout il est peu coûteux en énergie et à 22 centimes d’euro la vague cela pourrait permettre un ticket d’entrée à 15 euros. C’est son grand argument. Car d’autres machines à vague existent déjà de par le monde, aux Canaries ou encore à Abou Dhabi, mais elles sont bien plus énergivores ce qui les rend peu rentables.

Selon lui, depuis la création du prototype, 18 projets sont à l’étude. Un Wavegarden devrait ouvrir dès l’automne 2014 au Pays de Galles dans la vallée de Conwy où l’entreprise concernée, Surf Snowdonia, espère attirer 75.000 visiteurs par an. Des réservations ont été posées en Europe, en Australie et aux Etats-Unis, précise la société sans vouloir révéler les lieux choisis. Elle s’engage par ailleurs à ne pas vendre deux fois le concept dans une même région pendant trois ans afin d’éviter la concurrence. A l’achat, le coût standard est de quatre à cinq millions d’euros. Le Wavegarden s’exporte dans les grandes villes où la mer est très loin pour que chacun puisse choisir entre disputer une partie de football ou surfer, rêve M. Verger, même si rien ne remplacera jamais une vague de l’océan.

D’autres projets existent, notamment celui d’une vague circulaire artificielle parfaite imaginée par la légende du surf Kelly Slater, mais aucun n’est à un stade aussi avancé.

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