L’année de l’économie du sport

L’année 2001 a été marquée par la faillite d’ISL, la fusion Darmon – UFA – Canal +, l’accélération des introductions de clubs en bourse… et le 11 septembre.

L’année 2001 restera avant tout celle qui a vu l’empire ISL s’écrouler comme un château de carte. Le géant du marketing sportif, qui planchait sur une future introduction en bourse, a mis la clé sous la porte en l’espace de quelques semaines. Lorsque, au mois avril, le tribunal de Zoug (Suisse) place la société en redressement judiciaire, la nouvelle ne surprend pas les professionnels du secteur. Les rumeurs sur les difficultés d’ISL couraient depuis plusieurs mois. Depuis 1999 en effet, International Sports & Leisure connaissait des difficultés économiques avec des charges financières supérieures à ses recettes. Les investissements tous azimuts dans le football (ISL s’était ainsi fourvoyé avec les droits, pour six ans, du championnat chinois pour 295 millions d’euros), le CART (un contrat signé jusqu’en 2007 pour 242,4 millions d’euros), et surtout dans le tennis ont entraîné sa perte. Le contrat signé avec les neuf plus grands tournois de l’ATP Tour (les Masters Series) pour dix ans en échange de 1,37 milliards d’euros va précipiter la chute du groupe.

Comme la nature a horreur du vide, la disparition d’ISL va entraîner la naissance d’un autre géant du marketing mondial. Un moment candidat à la reprise d’ISL, les groupes Vivendi Universal et Berterslmann vont finalement renoncer pour mieux rapprocher leurs filiales (Sport + et UFA-Sports). Avec le Groupe Jean-Claude Darmon, ils fusionnent et créent Sportfive. Le nouvel ensemble devrait générer un chiffre d’affaires global de près de 570 millions d’euros avec un portefeuille de droits impressionnant : droits de retransmission et marketing de clubs (340), fédérations et confédérations (40), à travers le monde, principalement d’origines européenne et africaine dans les domaines du football, du rugby et du basket-ball mais aussi du handball et du tennis.

Les clubs, dans le football en particulier, continuent de se structurer en entreprises. Ainsi la transformation juridique des clubs en Société anonyme sportive professionnelle (SASP) s’est accélérée cette année en France. But de l’opération : ouvrir son capital aux partenaires extérieurs.

Ouvrir son capital, c’est exactement ce qu’on fait les formations du Bayern Munich et de la Juventus de Turin, mais de façon différente. Le club bavarois va céder dans le futur 10 % de son capital à l’un de ses partenaires historiques : Adidas-Salomon. L’équipementier a annoncé en septembre dernier son intention d’acquérir une portion du champion d’Europe pour 74,7 millions d’euros. Une première pour le deuxième fabricant mondial d’articles de sport. La Juve a choisi une autre voie avec les marchés financiers. Imitant les deux clubs romains (AS Roma et Lazio de Rome), la Vielle Dame a fait son introduction à la bourse de Milan. Une opération qui n’a pas vraiment répondu aux attentes des dirigeants turinois. La Juventus proposait 37 % de son capital aux investisseurs, pour un montant de 164 millions d’euros au prix d’introduction, valorisant ainsi le club à 443 millions d’euros (soit le deuxième club coté derrière Manchester United). Mais l’offre publique de vente n’a été souscrite que 1,2 fois. Un niveau mitigé compte tenu de la taille de l’opération et de la popularité de la Juve.

La bourse n’a d’ailleurs pas réussi aux clubs de football cette année. La plus forte capitalisation du secteur, Manchester United (557 millions d’euros), a perdu 40 % de sa valeur depuis le 1er janvier. La Lazio de Rome (166 millions d’euros de capitalisation) et l’AS Roma (157 millions d’euros) ont respectivement reculé de 46 et 50 % sur l’année.

Et aussi…

Les clubs professionnels français ont appris cette année que la Commission Européenne n’avait retenu aucune objection à l’octroi de subventions publiques. Les collectivités locales peuvent donc continuer de verser aux clubs professionnels, possédant des centres de formations agréés par les pouvoirs publics, des subventions à concurrence de 2,3 millions d’euros par an et par club.

Sans subvention, ou presque, le Real Madrid n’a plus de dette ! Grâce à la vente de plusieurs biens immobiliers, dont son centre sportif la Ciudad Deportiva, à la mairie de la capitale espagnole pour un montant de 380 millions d’euros, le club efface sa dette qui avait atteint jusqu’à 282 millions d’euros !

Loin du football, les cyclistes professionnels ont signé leur convention collective. Celle-ci définit un salaire minimal et offre également aux cyclistes la possibilité d’obtenir un statut d’indépendant. Ainsi, les salaires annuels minimaux seront de 15.000 euros pour un néo- professionnel et de 18.000 pour un coureur qui renouvelle un contrat. Dès 2004, les planchers grimperont à respectivement 20.000 et 23.000 euros.

Prost Grand Prix a déposé le bilan en novembre. Avec plus de 30 millions d’euros de dettes, l’écurie française a préféré stopper les frais. Plus d’un mois plus tard, aucun repreneur ne s’est encore manifesté officiellement.

Enfin, les conséquences du 11 septembre sont moins graves que ce que l’on pouvait craindre, grâce à la vitalité du sport américain qui fête par de belles audiences le come back de Michael Jordan. Toutefois, plusieurs grands événements sportifs n’ont plus d’assureur. Et les JO 2002 de Salt Lake City, ainsi que la Coupe du Monde 2002 de football se dérouleront sous haute protection. Pour la première fois depuis 10 ans, chacun de ces deux événements pourrait s’avérer déficitaire…

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