Schladming cultive sa spécificité

Schladming, qui accueille les Championnats du monde de ski alpin du 5 au 17 février, a bâti sa réputation sur son slalom nocturne. La station autrichienne de sports d’hiver symbolise l’importance économique de ce sport pour l’Autriche.

Située au coeur du massif alpin du Dachstein, la station de 4.500 habitants (750 m d’altitude) souhaitait devenir un passage incontournable de la saison de ski alpin, après avoir accueilli irrégulièrement des étapes de Coupe du monde entre 1973 et 1990. Schladming se lance dans l’aventure nocturne, avec la Nightrace. Un coup de maître pour concurrencer la prestigieuse station de Kitzbühel, et la mythique descente de la Streif. Le succès est au rendez-vous dès la première édition en 1997, avec la victoire de l’Italien Alberto Tomba. La piste du Planai attire de plus en plus de monde, réunissant entre 45.000 et 50.000 fans chaque année.

La station de Styrie va organiser pour la deuxième fois les championnats du monde, après 1982. En Autriche, seul Innsbruck a eu le privilège d’accueillir l’événement plus d’une fois (hôte en 1933, 1936, 1964 et 1976), alors que Kitzbühel n’a jamais accueilli l’évènement.

Si Schladming en est à ses deuxièmes Mondiaux, la République du ski sera pour la neuvième fois l’hôte de l’évènement, un record pour ce petit pays alpin, où le ski a été élevé au rang de religion. La Fédération autrichienne de ski (ÖSV) revendique près de 150.000 licenciés, un chiffre qui ne tient pas compte des milliers de skieurs occasionnels. L’importance du ski dans l’économie est toujours très élevée. Plusieurs travaux d’économistes estiment qu’un emploi sur quinze est directement ou indirectement lié au tourisme d’hiver. C’est un chiffre énorme, explique Rudolf Müllner, historien du sport à l’Université de Vienne. Il suffit d’allumer sa télévision en hiver, il y a du ski partout, note le chercheur. La télévision publique (ORF) diffuse toutes les étapes de la Coupe du monde, réalisant des audiences record. Pour la descente de Kitzbühel, 1,42 million d’Autrichiens regardaient ORF, soit près de quatre téléspectateurs sur cinq qui étaient devant leur écran. De plus, les Autrichiens apprennent à skier dans les écoles de ski. Les enfants doivent savoir skier. Toute la population est socialisée par le ski alpin. En Europe, il n’y a pas d’autres exemples, sauf peut-être les pays scandinaves avec le ski nordique, précise-t-il.

L’Autriche a ainsi fourni quelques-uns des plus grands skieurs, de Toni Sailer à Hermann Maier, en passant par Franz Klammer ou encore Annemarie Moser-Pröll. Beaucoup d’Autrichiens s’identifient à ces figures, ajoute l’historien.

Contrairement à 1982, où les courses dames s’étaient déroulées dans une station voisine, les skieuses auront cette année les honneurs de la Planai. Deux pistes en forme de V, une pour les course dames, une pour les courses messieurs et le slalom géant dames, se rejoignent dans une aire d’arrivée commune. Un concept qui n’est pas sans rappeler celui de Val d’Isère lors des Championnats du monde 2009.

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