Monisha Kaltenborn aux commandes de Sauber

Une Autrichienne de 41 ans, née en Inde et mère de deux enfants, possède déjà un tiers des actions de l’écurie suisse Sauber F1 car son fondateur Peter Sauber vient de les lui offrir, pour services rendus, en attendant de s’effacer bientôt pour la laisser toute seule en première ligne.

Quand Monisha Kaltenborn met ses écouteurs dans le stand Sauber, c’est pour tout écouter, jamais pour parler aux pilotes, explique un porte-parole de l’écurie suisse. Car elle veut tout savoir et tout comprendre, en temps réel, et ce qui lui plaît plus que tout, avoue-t-elle, ce sont les coulisses de la F1. Juriste de formation, Monisha est l’une des rares femmes à avoir fait sa place dans une F1 dominée par les hommes, et la seule à diriger officiellement une écurie, comme CEO (Chief Executive Officer, en l’occurrence directrice générale). Même si c’est encore, pour quelques mois, dans l’ombre de Peter Sauber qui reste le Team Principal.

Il faut prendre les bonnes décisions au bon moment, pas quand on est trop vieux ou trop faible, explique le grand Suisse, qui vient d’entamer sa 20e saison de F1 et fêtera ses 69 ans en octobre. C’est un métier très dur, et ce n’est pas mon intention d’être encore sur le muret des stands à 70 ans. Entrée chez Sauber au tournant du Millénaire, quand son employeur du moment, le Fritz Kaiser Group, a revendu ses parts de l’écurie suisse, Monisha a ensuite passé près de dix ans à négocier, pour Sauber, avec la Formula One Management (FOM) de Bernie Ecclestone, qui détient les droits commerciaux de la Formule 1, et la Fédération internationale de l’automobile (FIA) de Max Mosley puis Jean Todt, en tant que chef du service juridique. Elle a aussi eu le temps d’épouser un juriste allemand, Jens Kaltenborn, et de faire deux enfants, un garçon et une fille. Et comme elle était vraiment passionnée par son travail, elle venait parfois au bureau d’Hinwil avec sa poussette, et un bébé dedans.

Comme en 2008 ?

Fin 2009, quand j’ai dû racheter la société à BMW, Monisha a joué un rôle très important. C’était difficile, confie Peter Sauber. D’où sa décision de la bombarder CEO, en 2010, et de commencer à prendre du recul, lentement mais sûrement. Puis de lui céder un tiers de ses actions, le mois dernier. A Hockenheim en 2010, Monisha a été la première femme invitée à une conférence de presse de la FIA, puis à Suzuka elle a remplacé le grand homme pour la première fois sur le muret des stands. Pendant toute une saison, un ancien team-manager de F1 l’a prise pour l’interprète de Peter Sauber, sourit Monisha.

Nous avons eu deux saisons très dures car nous manquions de sponsors. La voiture était toute blanche, mais Monisha a fait un travail excellent, ajoute Peter Sauber au sujet de la meilleure embauche de toute sa carrière en F1, une femme pour qui être sous-estimée peut parfois devenir un avantage. Le tandem Monisha-Peter a fait ses preuves, dans la tempête, et la transition est en route. L’un des derniers dinosaures de la F1 est aussi en train de passer la main à son fils Alex, déjà directeur du marketing de Sauber F1. Sir Frank Williams fait exactement la même chose avec sa fille Claire. Grâce à la Sauber C31 à moteur Ferrari, les ambitions sont à la hausse. Nous sommes capables de gagner, a dit Sergio Pérez, jeudi à Montréal. Sa 2e place en Malaisie, fin mars, a plus de valeur pour Peter Sauber que le seul doublé des BMW-Sauber, en 2008, grâce à Robert Kubica et Nick Heidfeld. C’était au Canada.

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