Lotus-Renault, ce qu’il faut savoir

Le projet de rachat par Renault de l’écurie Lotus de Formule 1, à l’étude depuis plusieurs mois, vit une semaine cruciale. Le paddock s’attend à une proposition concrète de Renault aux actionnaires de Genii Capital, propriétaire de l’écurie Lotus 1. Le point sur la situation.

Où en est exactement Lotus ?
L’écurie de Formule 1 se trouve dans une situation financière critique. En Belgique, ses camions ont été retenus pendant trois jours dans le paddock du circuit de Spa-Francorchamps, après le podium de Sébastien Grosjean (3e), par un huissier belge, en raison d’une action en justice de Charles Pic, pilote de réserve en 2014, pour se faire rembourser une partie de sa mise correspondant notamment à des séances d’essai non-effectuées. Selon la presse britannique, Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, a dû aider Lotus cet été à payer les salaires de ses 400 employés, au moyen probablement d’une avance sur ses futurs revenus commerciaux.

Que veut faire Renault ?
Nous sommes dans la dernière phase de l’étude de faisabilité, disait Cyril Abiteboul, le directeur général de Renault Sport F1, il y a deux semaines à Spa. Depuis, le dossier a avancé et deux réunions importantes étaient prévues cette semaine, lundi chez Renault et vendredi chez Lotus. La réflexion est en cours depuis un an et le rachat d’une autre écurie, comme Toro Rosso ou Force India, n’est plus à l’ordre du jour, car elles sont moins bien équipées techniquement (soufflerie, etc.). Autre intérêt des négociations en cours, le statut d’écurie historique de la F1, en passe d’être accordé par Ecclestone, au même titre que Ferrari, Mercedes, McLaren et Williams, augmenterait de plusieurs dizaines de millions d’euros, chaque année, les revenus commerciaux de Renault F1. En échange d’une présence à long terme, pour dix ans au moins, dans une discipline où la marque au losange est arrivée en 1977. Grâce aussi à l’image très forte de Renault auprès des fans de F1 et à la force de persuasion de Carlos Ghosn, le pdg de l’Alliance Renault-Nissan.

Quel calendrier ?
Renault aimerait finaliser un accord d’ici la mi-septembre, soit avant le Grand Prix de Singapour, car il y a urgence : la fin de saison, avec sept Grands Prix lointains, va coûter cher à l’écurie d’Enstone, qui achète le moins de pièces possible et a quasiment stoppé le développement de sa monoplace actuelle. Certains fournisseurs ont dû porter leurs créances devant la Haute Cour de Londres pour être payés.

Quid du partenariat avec Red Bull ?
Le sort d’une nouvelle écurie Renault F1, dès 2016, est intimement lié à celui de Red Bull Racing qui disposerait de deux clauses importantes dans son contrat avec le motoriste français. L’une évoque un statut privilégié d’écurie numéro 1, incompatible avec un retour de Renault comme écurie à part entière, avec de grandes ambitions. L’autre est une clause de performance, qui pourrait être actionnée en raison des résultats décevants de 2014 et 2015. Depuis plusieurs mois, Red Bull ne cache pas, en privé, son désir de se séparer de Renault avant le terme du contrat actuel, fin 2016. Et on sait que le conseil d’administration du groupe Daimler AG a autorisé Mercedes-AMG à fournir ses moteurs à Red Bull dès l’an prochain.

Une chance pour les pilotes français ?
La prise de pouvoir de Renault serait une chance pour Sébastien Grosjean. Soutenu par le pétrolier Total, il deviendrait le pilote numéro 1 de la future écurie Renault. Total, partenaire historique de Renault en F1, est prêt à augmenter sa mise, sur la durée, avec Grosjean comme pilote de pointe de l’écurie d’Enstone. Les jeux restent ouverts pour le second pilote. Le cas de PDVSA, le pétrolier d’Etat vénézuélien qui soutient Pastor Maldonado, est plus délicat, car il apporte beaucoup d’argent (45 millions d’euros par an) mais les résultats du pilote sont décevants.
Lotus bluffe-t-il ?

L’écurie Lotus a plus d’une option pour assurer son avenir, a affirmé vendredi à Monza son directeur général Matthew Carter. J’espère que nous allons assurer notre avenir d’une manière ou d’une autre, et cela veut dire que nous avons plus d’une option pour assurer cet avenir. Et pour ce qui est des courses cette saison, le budget est en place pour qu’on soit à toutes les courses jusqu’à la fin. Cette mise au point arrive à point nommé pour entretenir un doute sur le nom du repreneur éventuel de Lotus alors que Renault semble en pole position depuis plusieurs semaines.

Quitter la version mobile