Jour d’inauguration

La piste française inaugura son vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines par les pistards bleus, contre les maîtres britanniques de la discipline.

La piste de 250 mètres séduit l’ensemble des spécialistes. Du velours !, sourit François Pervis, actuel homme fort du sprint mondial. Le bâtiment abrite aussi le siège de la Fédération française (FFC), qui a migré de de la Seine-Saint-Denis vers les Yvelines. Autour de l’enceinte, des installations format concernent le BMX, autre discipline olympique. L’ensemble forme un vrai Centre national du cyclisme, se félicite David Lappartient, président de la FFC, ravi que ce projet de quelque 100 millions d’euros (74 millions pour le seul vélodrome) initié voici dix ans par la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines ait enfin été réalisé. Des nouveaux équipements prévus par la candidature parisienne aux JO 2012, l’outil est le seul qui a vu le jour. Malgré la défaite face à Londres en juillet 2005, la décision a été maintenue, le financement suivant le principe du partenariat public-privé. L’enveloppe a été respectée, on n’a pas dépensé un centime de plus, affirme la communauté d’agglomération. Premiers coups de pioche en 2011, livraison fin 2013. Jeudi soir, ce sont plusieurs générations du cyclisme français qui se retrouveront avec émotion sur le nouvel anneau olympique de 5.000 places.

Ce vélodrome était attendu depuis plus d’un demi-siècle. La destruction du fameux Vél d’Hiv, dans le XVe arrondissement de Paris, date de 1959. Les champions français de la piste (Morelon, Trentin, Rousseau, Ballanger, Gané, Tournant, etc) se sont succédé. Ils ont tous attendu le vélodrome promis par les politiques. Déjà, à la fin des années 1960, se souvient Gérard Quintyn, ex-coureur devenu entraîneur à l’âge d’or du sprint français. A l’occasion d’une remise de décoration, Georges Pompidou (Premier ministre puis président de la République) avait dit à Morelon : on vous le fera, ce vélodrome… Il y eut des hypothèses (Aubervilliers, la Cipale) et une réalisation, le POPB (Paris Omnisport de Paris-Bercy). Son inauguration en 1984 se fit dans la configuration vélodrome. Mais la piste n’était installée que 5-6 jours par an, relève Quintyn. Aujourd’hui, elle moisit, en pièces détachées, dans les oubliettes.

Il faudra plus qu’une piste pour rattraper les Anglais

A Saint-Quentin-en-Yvelines, la piste ne se démonte pas, heureusement, souligne Quintyn. Car la tentation est grande d’augmenter la rentabilité par des spectacles ou autres manifestations : On sait que le non-sportif rapporte beaucoup plus que le sportif. La convention avec l’exploitant (groupe Bouygues) est censée fixer les créneaux d’entraînement et protéger les intérêts des pistards. Le haut niveau qui était regroupé à l’Insep, dans l’est parisien, a déménagé début janvier à Saint-Quentin-en-Yvelines. Les pistards avaient besoin de cet outil. La piste de l’Insep commençait à être trop petite (166 m), estime Florian Rousseau, le champion-symbole de la piste française, tout en rappelant la richesse des ressources proposées par l’Insep qui reste la Mecque du sport français. Pour conquérir l’or, ce vélodrome est une super avancée, résume Pervis. Cette piste, c’est le top. Maintenant, il faut avoir le staff qui va avec, les moyens humains, la présence d’un médecin, etc. Il faut travailler sur les différents aspects de la performance, le matériel, le textile, l’aérodynamique. C’est là que l’on pèche depuis des années par rapport aux Anglais.
C’est du velours !

La piste ravit les pistards, à commencer par le plus rapide d’entre eux, François Pervis. C’est un très beau travail, apprécie le nouveau détenteur du record du monde du 200 m lancé et du kilomètre départ arrêté, qui a emménagé à moins d’un kilomètre du Vélodrome national. Il n’y a aucune aspérité entre les lattes. On voit que c’est de la très bonne qualité. Ce bois, c’est du velours !

Le Lavallois, dont l’avis est partagé par les autres membres de l’équipe de France, apprécie les sensations éprouvées sur cette piste en bois de Sibérie -le bois exotique, longtemps à la mode, est désormais abandonné-, appelée à durer. Les spécialistes humidifient l’atmosphère pour que la piste ne sèche pas trop vite. Mais, si on veut un taux d’humidité très bas, bon pour les performances, c’est possible. La piste est alors très rapide. A froid, pour la présentation à la presse en décembre, j’ai fait un temps de 10 sec 0 avec un braquet de cadet. En compétition, dans quelques temps, on pourra faire 9 sec 7. C’est le mètre supplémentaire qui fait une part du chrono, estime Pervis.

La nouvelle piste, large de 8 mètres, compte 1 mètre de plus que la quasi-totalité des anneaux construits plus ou moins récemment. Une seule exception notable : le vélodrome olympique de Moscou (9 m), construit pour les JO de 1980. Un mètre de plus pour s’élancer, c’est un gain important, souligne Pervis. Mais il y a aussi la forme des dessins, les virages bien relevés qui rendent bien. Quand on rentre à toute vitesse, on sent que ça tasse et ça procure de belles sensations.

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